Mitt Romney attendait ce jour depuis des années. Jusqu'à la toute fin, le candidat républicain a semblé sur le point de marquer l'histoire des États-Unis en devenant le premier mormon à la Maison-Blanche. Mais Barack Obama ne lui a pas laissé cette chance.

Aux journalistes qui l'accompagnaient mardi après-midi à bord de son avion de campagne, en route vers Boston et la plus importante soirée de sa vie, Mitt Romney a confié n'avoir écrit qu'un seul discours: celui de la victoire.

Mais à mesure que les résultats étaient dévoilés, il a dû se résoudre à écrire un discours de défaite.

Au moment de mettre sous presse, il ne l'avait toujours pas prononcé.

Vêtus de robes de bal et de vestons chic, les partisans républicains rassemblés au Palais des congrès de Boston affichaient une mine d'enterrement, et refusaient de concéder la victoire dans l'État-clé de l'Ohio malgré les prédictions des chaînes d'information américaines.

Pour Mitt Romney, c'est la fin d'une aventure politique entamée il y a de nombreuses années. L'homme de 65 ans a fait une première tentative en 2008, mais a dû s'incliner devant John McCain. Mais il visait la Maison-Blanche depuis qu'il avait été élu gouverneur du Massachusetts, en 2002.

Plus tôt dans la journée, de longues files s'étaient formées devant les bureaux de scrutin, ce qui a forcé les électeurs de Boston à patienter jusqu'à deux heures dans le froid avant de pouvoir voter.

Ironiquement, Mitt Romney n'avait aucune chance de remporter l'État où il a fait ses premiers pas en politique, et où il se promettait de célébrer sa victoire: comme prévu, le Massachusetts est demeuré résolument démocrate.

Elizabeth Warren élue sénatrice

Par ailleurs, la démocrate Elizabeth Warren a détrôné le sénateur républicain Scott Brown au terme d'une course très serrée au Massachusetts. Elle récupère ainsi le siège qu'avait occupé Ted Kennedy pendant 47 ans. Cette victoire majeure a contribué à assurer aux démocrates le maintien du contrôle du Sénat.

Surnommée la «shérif de Wall Street», étoile montante du Parti démocrate, cette professeure à l'Université de Harvard a joué un rôle de premier plan dans la création d'une agence publique de protection des consommateurs. Certains lui prédisent une course à la présidence dans quatre ans.

Une métamorphose

Difficile de dire quel genre de président aurait fait Mitt Romney, tant il s'était métamorphosé au cours des derniers mois.

Pendant les primaires, un de ses conseillers avait fait scandale en comparant ses positions idéologiques à l'écran magique Etch-A-Sketch. «On peut le secouer et tout recommencer», a-t-il expliqué.

Et c'est exactement ce qui s'est produit. Peu à peu, celui qui se disait «sévèrement conservateur» est revenu aux positions plus ouvertes qui avaient fait sa marque du temps où il était gouverneur du Massachusetts.

À l'époque, il soutenait le droit à l'avortement et le contrôle des armes à feu. En 2006, il avait même créé un régime universel d'assurance maladie semblable à la réforme de la santé instaurée à l'échelle nationale par Barack Obama.

Alors, qui est Mitt Romney?