Lundi, 7h30. Matin glacial dans une petite ville du Massachusetts. Une poignée de partisans républicains agitent des pancartes sur un trottoir de Beverly, à 30 km au nord de Boston. Ces irréductibles bravent le froid pour la dernière ligne droite d'une autre course électorale: celle pour le contrôle du Sénat.

Ces partisans, âgés pour la plupart, admettent sans détour ne pas être d'accord avec toutes les positions du sénateur sortant, Scott Brown. Pourtant, c'est bien ce républicain un brin déroutant - favorable à l'avortement, aux syndicats et aux droits des homosexuels - qu'ils sont venus appuyer ce matin.

Ils savent pertinemment que dans un État aussi démocrate que le Massachusetts, Scott Brown représente leur seule chance de victoire.

L'enjeu est énorme. Outre l'élection présidentielle, c'est aussi le contrôle de la Chambre haute qui se joue aujourd'hui dans quelques États-clés. Les républicains n'ont besoin que de quatre sièges pour ravir la majorité aux démocrates.

Au Massachusetts, la lutte est très serrée.

En 2010, Scott Brown a causé toute une surprise en s'emparant du siège qu'avait occupé feu Ted Kennedy pendant 47 longues années. Aujourd'hui, les démocrates ont bien l'intention de le récupérer. Ils fondent leurs espoirs sur Elizabeth Warren, étoile montante du parti.

Mitt qui?

À 8h, Scott Brown arrive à Beverly à bord de son autocar de campagne. «Une voix indépendante», lit-on sur le flanc du véhicule. Sa tournée a été baptisée «People over Party». Le peuple avant le parti.

Il joue cette carte à fond: il se dit pour le bipartisme, énumère les leaders démocrates et syndicaux qui l'appuient. Dans sa dernière publicité électorale, on le voit même en compagnie de Barack Obama!

Pas une fois dans sa campagne il n'a mentionné le nom de Mitt Romney, qui traîne loin, très loin derrière Obama dans les intentions de vote au Massachusetts.

Scott Brown descend de l'autocar, tout sourire, sa veste de cuir brun usé sur les épaules. L'ancien mannequin - élu il y a 30 ans l'homme le plus sexy d'Amérique par le magazine Cosmopolitan - a encore du charme.

Au restaurant du coin, il interrompt les déjeuners gargantuesques des clients, serre les mains et distribue les bons mots.

Cette aisance en public manque peut-être à son adversaire, Elizabeth Warren. Brillante professeure à la faculté de droit de Harvard, celle que l'on surnomme «la shérif de Wall Street» a joué un rôle de premier plan dans la création d'une agence publique de protection des consommateurs.

Certains prêtent de plus hautes destinées à cette femme énergique de 63 ans.

«Si Warren gagne, elle aidera les démocrates à conserver le contrôle du Sénat, et son élection sera probablement vue comme le prélude à une course présidentielle, dans quatre ans», a ainsi prédit le New Yorker en septembre.

Mais rien n'est encore joué. En campagne, Scott Brown n'a cessé de dépeindre la «professeure Warren» comme une intellectuelle déconnectée du «vrai monde». De fait, elle passe plutôt mal auprès de la classe ouvrière.

Il reste que les derniers sondages lui accordent une légère avance sur Scott Brown. Avant de quitter le restaurant de Beverly, il demande à ses partisans un dernier effort de campagne auprès des indécis... avant de leur servir une mise en garde: «Rappelez-vous, c'est le peuple avant le parti!»

MASSACHUSETTS

Grands électeurs: 11

Population: 6 547 629 habitants

Taux de chômage: 6,5 % (en septembre 2012)

Élection de 2008:

John McCain 36 %

Barack Obama 62 %

Groupes ethniques:

Blancs 76,1 %

Latino-Américains 9,6 %

Noirs 6 %

Ville la plus importante: Boston, 617 594 habitants (2010)

Élections chez les gouverneurs

En plus des élections à la présidence et au Congrès, 11 États et 2 territoires choisissent aujourd'hui leur gouverneur. Actuellement, dans les 50 États, ces postes sont occupés par 29 républicains, 20 démocrates et 1 indépendant.

DÉMOCRATES 20

RÉPUBLICAINS 29

INDÉPENDANT 1

435 SIÈGES

Chambre des représentants

Il y a des élections aujourd'hui pour la totalité des 435 sièges de la Chambre basse. Les représentants sont élus tous les deux ans. Pour le moment, les républicains détiennent 242 sièges et les démocrates, 193.

DÉMOCRATES 193

RÉPUBLICAINS 242