L'avant-dernier jour de la campagne présidentielle américaine va s'effectuer dimanche à un rythme infernal pour Barack Obama et Mitt Romney, le républicain pariant sur la Pennsylvanie pour tenter d'augmenter ses chances de gagner mardi.

À 60 heures du début des premiers dépouillements, les sondages nationaux montrent toujours une course serrée entre l'ancien gouverneur du Massachusetts et le président démocrate sortant, mais ce dernier paraît le mieux placé vu la prééminence que lui accordent les sondages dans les États les plus cruciaux.

«Le pouvoir n'est plus entre nos mains. Les voyages, tout ce que nous faisons, ça n'a plus d'importance», a affirmé M. Obama tard samedi soir, lors de sa dernière réunion publique de la journée à Bristow en Virginie face à 24 000 personnes. «C'est à vous, c'est aux volontaires (...) vous avez le pouvoir. C'est ainsi que la démocratie est censée fonctionner», a-t-il ajouté.

Cela n'empêchera pas le président de poursuivre sa course effrénée, avec 8000 km au programme pour cinq États en 20 heures dimanche. Revenu tard de son dernier discours en Virginie samedi soir, M. Obama doit remonter dès 08H15 (13H15 GMT) dans son avion Air Force One après un court repos à la Maison-Blanche.

Direction le New Hampshire, le seul État d'un Nord-Est largement acquis aux démocrates que M. Romney peut espérer mettre dans son escarcelle pour parvenir au seuil des 270 «Grands Électeurs» sur 538, dans un système de suffrage universel indirect qui met les États indécis en vedette.

À Concord, comme la veille en Virginie, M. Obama s'exprimera après l'ancien président Bill Clinton. Il poursuivra sa journée par la région de Fort Lauderdale en Floride, le «Graal» de la carte électorale avec ses 29 Grands Électeurs.

L'État du Sud-Est est resté dans l'histoire pour avoir décidé de l'élection sur le fil de George W. Bush en 2000.

Mais en 2012, c'est plutôt l'Ohio qui est courtisé. MM. Obama et Romney ont prévu de s'y rendre à nouveau dimanche. Le président sortant, crédité de 2,9 points d'avance en moyenne dans les sondages, y était déjà vendredi et samedi, et y reviendra lundi, tout comme son adversaire.

Tentative «désespérée», disent les démocrates

M. Obama doit prononcer son dernier discours de dimanche à Aurora dans la banlieue de Denver, au Colorado avant de passer ce qui restera de la nuit au Wisconsin, au terme d'une journée de campagne de près de 20 heures.

De son côté, et malgré le passage obligé par l'Ohio, verrou qu'il doit faire sauter s'il veut garder ses chances de succéder le 20 janvier 2013 à M. Obama, M. Romney a choisi de consacrer quelques heures à la Pennsylvanie, un État qu'aucun des candidats n'avait jusqu'ici jugé utile de solliciter sérieusement.

«Nous sommes tous près. La porte d'un avenir meilleur est ouverte», a affirmé M. Romney à Colorado Springs samedi soir, en souhaitant «mettre les quatre dernières années derrière nous».

Pour M. Romney, il s'agit d'«agrandir la carte» électorale pour parvenir aux 270 Grands Électeurs au cas où l'Ohio voisin lui ferait défaut. Les républicains ont effectué ces derniers jours des achats d'espaces publicitaires dans cet État gagné par M. Obama en 2008, mais où un républicain a été élu gouverneur deux ans plus tard.

Les démocrates, tout en tournant en dérision cette tentative «désespérée» de leurs adversaires, alors que la moyenne des sondages leur accorde une avance de près de cinq points, ont aussi acheté des publicités en Pennsylvanie et dépêcheront M. Clinton sur place lundi.

Les derniers discours de la campagne de réélection de M. Obama lundi sont prévus dans les capitales du Wisconsin, de l'Ohio et de l'Iowa. En soirée, il se rendra à Chicago, son fief de l'Illinois (nord) où il passera la journée du scrutin, même s'il a déjà voté de façon anticipée fin octobre.

De son côté, M. Romney attendra mardi les résultats à Boston (Massachusetts, nord-est), au lendemain d'une dernière journée de campagne qui l'aura mené de Floride en Virginie, puis dans l'Ohio et au New Hampshire.

Le républicain dépasse légèrement M. Obama en Virginie et en Floride dans les intentions de vote selon les derniers sondages, mais remporter ces gros États ne suffira pas mardi à M. Romney s'il perd l'Ohio.

Malgré ces bonnes perspectives pour eux et leur avance autoproclamée dans le vote anticipé au sein de la plupart des États-clés, les démocrates affirment ne pas se laisser enivrer.

«Les sondages ne votent pas», a remarqué samedi l'ancien gouverneur démocrate de l'Ohio, Ted Strickland, en appelant les partisans de M. Obama à se déplacer, alors que la participation des minorités et des jeunes avait constitué l'un des facteurs de la nette victoire du démocrate en 2008.