Qu'ont en commun Big Bird, General Motors et le Tea Party? À deux jours du scrutin, pour Alexandre Sirois et Richard Hétu, ils font partie des mots qui résument le mieux la course à la Maison-Blanche de 2012. Un choix qui se veut évidemment subjectif, d'autant plus que Barack Obama et Mitt Romney font campagne depuis plus d'un an. De quoi remplir un dictionnaire!

1. Avortement

Mitt Romney aurait préféré ne pas avoir à dire un mot sur l'avortement. Mais deux candidats républicains au Sénat des États-Unis lui ont forcé la main. Le premier (Todd Akin) a affirmé qu'une femme victime d'un «viol véritable» tombait rarement enceinte. Le deuxième (Richard Mourdock) a déclaré que la grossesse qui résultait d'un viol était un «don de Dieu». L'ancien gouverneur du Massachusetts s'est dissocié de ces propos, mais les démocrates ont vite rappelé que la position de son colistier, Paul Ryan, n'était pas si éloignée de celle de Mourdock.

2. Benghazi

Le scandale est pire que le Watergate, car personne n'est mort dans l'affaire qui a coulé Richard Nixon. Sérieusement: Barack Obama n'a pas seulement menti sur les circonstances qui ont entouré l'attaque contre le consulat des États-Unis de Benghazi, en Libye, le 11 septembre. Il aurait également laissé mourir quatre Américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens, en refusant l'aide réclamée par la CIA durant l'assaut. C'est du moins ce qu'a affirmé Fox News dans un reportage qui a indigné la droite dans les derniers jours de la campagne. Des allégations bien sûr niées par la Maison-Blanche.

3. Big Bird

La dette publique américaine fait peur. Elle a dépassé en septembre les 16 000 milliards de dollars, une donnée sur laquelle Mitt Romney a insisté lourdement et fréquemment. Mais comment propose-t-il de réduire ce fardeau? Lors du premier débat présidentiel, il a promis d'éliminer les subventions à PBS, et ce, même s'il aime bien Big Bird, célèbre personnage de l'émission Sesame Street de cette chaîne publique. Les fans de l'oiseau géant l'ont trouvé d'autant moins drôle que le gouvernement verse seulement 0,01 % de son budget annuel à PBS.

4. Chaise

Une convention politique, aux États-Unis, est l'occasion pour un parti de présenter son candidat sous son meilleur jour et de convaincre les Américains qu'il a l'étoffe d'un président. Lors de la convention républicaine, l'été dernier, Mitt Romney s'est fait voler la vedette par... une chaise vide. L'acteur Clint Eastwood, sur scène, s'est adressé à cette chaise sur laquelle était prétendument assis Barack Obama. Un numéro tellement surréaliste qu'il a éclipsé le discours de Romney, prononcé quelques minutes plus tard.

5. Chômage

Barack Obama, on le sait, est devenu le premier président noir des États-Unis. S'il triomphe mardi prochain, il se retrouvera dans les livres d'histoire pour une autre raison. Depuis Franklin D. Roosevelt dans les années 30, un président américain n'a jamais été réélu avec un taux de chômage supérieur à 7,2 % - c'est le populaire Ronald Reagan qui a réussi à vaincre Jimmy Carter en 1984 malgré un taux si élevé. Or actuellement, le taux de chômage est de 7,9 %, soit 0,1% de plus qu'au moment où Obama a pris le pouvoir en janvier 2009.

6. Débats

Après les conventions des grands partis, les débats présidentiels fournissent les derniers grands moments d'une campagne présidentielle. Ceux de 2012 n'ont pas dérogé à la tradition lancée en 1960. Mais ils auront peut-être aussi la rare distinction d'avoir changé l'issue d'un scrutin présidentiel, ce qui ne serait arrivé qu'à deux reprises (en 1960 et en 2000), selon les experts. Pour ce faire, il faudra évidemment que Mitt Romney, dont la candidature a été relancée de façon spectaculaire lors du premier débat, soit élu le 6 novembre.

7. Impôts

Mitt Romney est riche. Sa fortune est estimée à plus de 200 millions. En soi, ce n'est pas un péché. Surtout pas aux États-Unis. Sauf que les démocrates ont réussi avec un certain succès à le dépeindre comme un millionnaire déconnecté de la réalité de l'Américain moyen. Son taux d'imposition au fédéral, de quelque 14 % au cours des dernières années, a contribué à renforcer cette image. Tout comme le fait qu'il a toujours refusé de dévoiler ses déclarations de revenus des années précédentes.

8. General Motors

«Oussama ben Laden est mort, mais General Motors est vivant.» La formule a été l'une des préférées du vice-président Joe Biden au cours de la campagne. Elle rappelle à la fois que Barack Obama a débarrassé les Américains de leur ennemi public numéro un et qu'il a su relancer leur industrie automobile. Et le fait que Mitt Romney se soit opposé à ce plan de relance comble les démocrates de bonheur. Dans un État-clé comme l'Ohio, où un emploi sur huit est lié à l'industrie automobile, ça pourrait faire la différence.

9. Sondages

Les sondages n'auront jamais été aussi nombreux et confondants. Certaines enquêtes nationales créditent Mitt Romney d'une avance allant jusqu'à cinq points. D'autres placent au contraire Barack Obama légèrement en tête ou à égalité avec son rival. Mais ces sondages ne disent pas tout. Peut-être plus révélateurs sont ceux réalisés dans les États-clés, où le président sortant est généralement en meilleure position que son adversaire. L'avantage de tous ces sondages? Fournir aux partisans des deux candidats des arguments pour appuyer leurs prédictions les plus optimistes!

10. Tea Party

Ne sous-estimez pas le Tea Party. Non, les militants de ce mouvement n'ont pas réussi à convaincre l'ensemble des républicains de choisir un de leurs poulains comme candidat à la Maison-Blanche (les radicaux Michelle Bachman ou Herman Cain, par exemple). Mais si Mitt Romney a choisi Paul Ryan comme colistier, c'est notamment pour plaire à ces militants aussi bruyants qu'influents. C'est aussi à cause d'eux que les républicains modérés se font de plus en plus rares au Congrès. Leur impact sur la politique américaine n'a pas fini de se faire sentir.