«Ça n'a certainement rien à voir avec la question de la race.» Pat McFerron est catégorique. Il n'a même pas attendu qu'on lui pose l'incontournable question de la possible influence de la couleur de la peau de Barack Obama sur son impopularité en Oklahoma. Il a lui-même abordé le sujet au beau milieu de notre entrevue.

Spécialiste des sondages pour la firme de consultants politiques la plus renommée en Oklahoma, Cole Hargrave Snodgrass&Associates, il explique que 70 % des habitants de son État se disent conservateurs. Il n'est que normal, selon lui, qu'ils ne votent pas pour Barack Obama.

Pat McFerron affirme aussi que le succès de J. C. Watts en politique prouve qu'être noir n'est pas un problème en Oklahoma. Cet Afro-Américain, après avoir été joueur étoile au football, a représenté un district de l'Oklahoma à la Chambre des représentants, de 1995 à 2003.

Plusieurs autres personnes rencontrées en Oklahoma au cours de ce reportage ont toutefois affirmé, tout aussi catégoriquement, que la couleur de la peau du président démocrate est un sérieux désavantage en Oklahoma.

Constance Johnson, elle aussi afro-américaine, qui siège au Sénat de l'Oklahoma depuis 2005, ne mâche pas ses mots: «Nous sommes un État raciste qui a été fondé sur le racisme.»

Elle fait référence à la loi ségrégationniste adoptée par le Sénat de l'Oklahoma en 1907, l'année où l'Oklahoma est devenu un État. Elle cite aussi les émeutes raciales de Tulsa, en 1921, déclenchées dans le but de «remettre les Noirs à leur place»: les habitants de l'Oklahoma trouvaient que les Afro-Américains en menaient encore trop large, explique la politicienne.

Pat Murphy, démocrate de longue date rencontré au 2A Shooting Center de Tulsa, est du même avis: «Obama ne pourrait pas gagner en Oklahoma à cause de la question raciale», dit ce sexagénaire aux airs d'Ernest Hemingway. Selon lui, «plusieurs personnes, en Oklahoma, ont des préjugés basés sur la race» qui ont nui à Obama.