Barack Obama a accablé vendredi son adversaire Mitt Romney pour ses prises de position vis-à-vis de l'industrie automobile américaine, secteur que le président sortant s'est vanté d'avoir sauvé en faisant campagne dans l'Ohio, arrière-cour de Detroit.

«Oussama ben Laden est mort et General Motors est vivant», s'est écrié Ted Strickland, ancien gouverneur démocrate de l'Ohio, avant que M. Obama monte sur la scène de son dernier rassemblement électoral à Lima, dans cet État qui sera crucial pour le résultat de la présidentielle, attendu mardi soir.

Cette région voisine celle de Detroit (Michigan, nord), le berceau historique de l'industrie automobile, et des centaines de milliers d'emplois y dépendent de la sous-traitance. Le groupe Chrysler possède aussi dans l'Ohio une usine de montage du populaire Jeep Wrangler, héritier des 4x4 du Débarquement.

La crise du secteur automobile, fin 2008, avait contraint le gouvernement à mettre la main à la poche dès avant que M. Obama s'installe au pouvoir, en janvier 2009.

Mais le président fait valoir que son administration a été plus exigeante vis-à-vis des deux des «Trois Grands» de Detroit, General Motors (GM) et Chrysler, en assortissant son aide d'une obligation de restructuration. GM a abandonné des marques, fermé des usines, tandis que Chrysler s'est marié à l'Italien Fiat. Tous deux sont sortis de faillite et ont retrouvé le chemin des bénéfices.

«Un secteur automobile américain que l'on avait donné pour mort est de retour au sommet du monde», s'est écrié M. Obama à Lima, où un syndicaliste de la puissante centrale automobile UAW l'avait précédé à la tribune.

Comme à chacune de ses interventions depuis le début de la campagne, M. Obama s'est fait un devoir de rappeler que son adversaire avait signé fin 2008 une tribune dans le New York Times, intitulée «Laissez Detroit faire faillite» sans aide gouvernementale.

«Il était contre le sauvetage»

Les démocrates assurent que vu la raréfaction des capitaux à l'époque, tant GM que Chrysler auraient dû mettre définitivement la clé sous la porte, entraîné toute la filière dans leur chute et détruit un million d'emplois.

«Je comprends que le gouverneur Romney ait du mal ici en Ohio, parce qu'il était contre le sauvetage du secteur automobile», a expliqué M. Obama, après avoir accusé M. Romney de mentir pour tenter de gagner dans cet État, où le républicain n'arrive apparemment pas à combler son retard dans les sondages.

Le président a évoqué une publicité dans laquelle les républicains accusent M. Obama d'avoir «vendu Chrysler à des Italiens qui vont construire des Jeep en Chine». Cette assertion a été catégoriquement rejetée par le patron de Fiat, Sergio Marchionne.

«Ce n'est pas un jeu. C'est d'emplois, de la vie des gens, qu'il s'agit (...) C'est mal de faire peur à des Américains qui travaillent dur, juste pour obtenir quelques voix» s'est écrié le président.

M. Romney qui, coïncidence, est le fils d'un ancien patron du quatrième «Grand» de Detroit, AMC (American Motor absorbé depuis par Chrysler), est resté silencieux au sujet de l'automobile vendredi, alors qu'il faisait aussi campagne dans l'Ohio.

Il a préféré concentrer ses flèches sur le bilan économique de M. Obama en général, notamment la montée du taux de chômage officiel à 7,9%, même si les 171 000 emplois nets créés témoignent d'un renforcement timide de l'activité.

Le taux de chômage «est plus élevé aujourd'hui que lorsque (M. Obama) a pris ses fonctions», a lancé M. Romney lors d'une réunion dans la ville d'Etna.

Parmi les spectateurs, Jack Oney a défendu la position de M. Romney d'appliquer les règles de la libre entreprise aux constructeurs automobiles. «S'ils ne s'en sortent pas, c'est le jeu. Quelqu'un les aurait rachetés», affirme-t-il à l'AFP, en estimant que le mérite de la reprise dans l'Ohio, où le taux de chômage est descendu à 7%, revient au gouverneur républicain élu en 2010, John Kasich.