La supertempête qui touche le nord-est des États-Unis a forcé les deux candidats à la présidence à modifier leur programme de campagne mardi, à seulement une semaine de l'élection présidentielle du 6 novembre, qui s'annonce particulièrement serrée.

Le président Barack Obama a suspendu sa campagne pour le troisième jour consécutif, choisissant de rester dans la capitale pour superviser les efforts de secours fédéraux.

La Maison-Blanche a annoncé que le président ne ferait pas campagne mercredi, mais qu'il se rendrait plutôt au New Jersey pour prendre connaissance des dommages causés par la tempête avec le gouverneur Chris Christie, un fervent partisan du candidat républicain Mitt Romney qui a néanmoins fait l'éloge des efforts déployés par le président plus tôt dans la journée.

Barack Obama avait un message pour les citoyens affectés par la tempête: «les États-Unis sont avec vous», a-t-il dit lors d'une visite au siège de la Croix-Rouge à Washington. «C'est une situation déchirante pour l'ensemble du pays.»

Après avoir déclaré la veille qu'il suspendait sa campagne pour se concentrer sur l'aide aux victimes de Sandy, Mitt Romney était de nouveau en campagne mardi.

Son équipe a insisté sur le fait qu'il avait fait une apparition publique pour les «secours». Il a participé à un événement partisan en Ohio, un État stratégique qui n'a pas été particulièrement touché par la tempête.

La candidat républicain a été bombardé de questions de journalistes qui voulaient savoir s'il voulait abolir l'agence fédérale de gestion des situations d'urgence (Federal Emergency Management Agency, FEMA), comme il l'a suggéré lors d'un débat pendant les primaires républicaines l'an dernier.

Il a ignoré les questions des journalistes à Kettering, en Ohio, après une apparition qui avait toutes les apparences d'un rassemblement partisan. Les participants avaient été invités à apporter de la nourriture non périssable et des articles de première nécessité pour les sinistrés.

Mitt Romney a parlé brièvement, se concentrant sur la tempête et évitant de critiquer le président Obama, mais une vidéo biographique était diffusée sur des écrans géants et l'événement a été qualifié par son équipe de «rassemblement de la victoire».

L'appel aux dons de nourriture non périssable fait par son équipe a soulevé des critiques, puisque la Croix-Rouge et les autres organisations du genre n'acceptent pas les biens en nature, préférant recevoir de l'argent qui peut être distribué là où il est le plus nécessaire.

«À cause de contraintes logistiques, la Croix-Rouge n'accepte pas et ne sollicite pas de collecte d'objets», affirme l'organisation sur son site Internet.

«Les objets comme la nourriture, les vêtements et les chaussures doivent être triés, nettoyés, emballés et transportés, ce qui monopolise de l'argent, du temps et du personnel», explique la Croix-Rouge.

Mitt Romney a suscité l'incrédulité en comparant les secours après un désastre au nettoyage d'une école secondaire. Il a raconté que ses amis et lui avaient déjà nettoyé un terrain de football «jonché de détritus et de papiers», une apparente allusion au rôle joué par les citoyens et les organisations privées dans les secours post-catastrophe.

La difficulté de l'équipe Romney à trouver le ton juste face à la tempête Sandy montre les défis auxquels les deux candidats à la présidence font face dans la course à la Maison-Blanche.

Les experts soulignent que le président Obama doit adopter une attitude présidentielle, autoritaire et non politique, et se montrer totalement en contrôle des efforts de secours.

Mitt Romney doit quant à lui modérer ses critiques du président, éviter de donner l'impression qu'il tente de faire des gains politiques et ralentir le rythme de sa campagne pendant que des millions d'Américains sont touchés par la tempête.

Jusqu'à maintenant, le président Obama semble être le vainqueur de ce jeu de perceptions.

«Barack Obama est en meilleure posture que Mitt Romney, pour la simple raison qu'il est le président, qu'il peut convoquer la FEMA et adopter des décrets présidentiels», a estimé William Benoit, professeur en communications à l'université de l'Ohio.

«Mitt Romney n'est même pas gouverneur, alors il ne peut pas faire grand-chose. Il est dans une position difficile. Dans une course aussi serrée, comment peut-il rester de côté et ne rien dire? Mais en même temps, il doit faire attention de ne pas donner l'impression qu'il s'en fout et qu'il fait de la politique comme d'habitude.»

PHOTO EMMANUEL DUNAND, AFP

Mitt Romney a collecté mardi des vivres dans l'arène sportive où il devait tenir une réunion électorale, à Kettering dans l'Ohio.