Le premier débat présidentiel a changé de manière aussi soudaine que spectaculaire la trajectoire de la course à la Maison-Blanche: il a permis à Mitt Romney de combler son retard sur Barack Obama et même de le devancer dans certains sondages.



Le deuxième débat a fourni au président sortant l'occasion de rassurer ses partisans inquiets ou démoralisés par rapport à sa volonté d'être réélu et de freiner l'élan de l'ancien gouverneur du Massachusetts.

À quoi faut-il maintenant s'attendre du troisième et dernier débat présidentiel, qui aura lieu lundi soir à Boca Raton, en Floride, et dont les questions, formulées par le journaliste de CBS Bob Schieffer, porteront sur la politique étrangère?

Il est difficile d'imaginer que cet ultime débat aura autant d'impact que le premier ou même le deuxième. Après tout, les questions de politique étrangère ne figurent pas cette année parmi les premières préoccupations des électeurs. Mais la course à la Maison-Blanche est devenue si corsée qu'une ou deux mauvaises réponses sur les enjeux internationaux de l'élection pourraient coûter très cher aux candidats.

Chaude lutte

À 15 jours du scrutin présidentiel, les deux candidats sont au coude-à-coude, récoltant chacun 47% des intentions de vote, selon un nouveau sondage NBC News/Wall Street Journal réalisé auprès des électeurs les plus susceptibles de voter. Il y a un mois, avant le premier débat présidentiel, Barack Obama jouissait d'une avance de trois points sur Mitt Romney (49% contre 46%).

Le président devance cependant son rival par cinq points (49% contre 44%) auprès des électeurs inscrits sur les listes électorales, dont un nombre indéterminé choisira de rester à la maison le 6 novembre. Dans des États-clés comme l'Ohio, l'Iowa et la Virginie, le défi du candidat démocrate est évident: s'assurer que ses partisans voteront.

En Floride, autre État-clé, la partie est peut-être déjà jouée: plusieurs sondages locaux publiés au cours des derniers jours placent Mitt Romney en tête. Celui-ci peut cependant difficilement être élu à la Maison-Blanche sans l'Ohio, où Barack Obama s'accroche encore à une mince avance.

L'ombre de Benghazi

C'est dans ce contexte que les deux candidats présidentiels répondront lundi soir à des questions qui devraient faire la belle part au Moyen-Orient, notamment à la Libye et à l'Iran. Mitt Romney voit dans l'attaque du 11 septembre contre le consulat américain de Benghazi une illustration de la «passivité» du président devant la montée de l'extrémisme dans la région - de la Libye à l'Égypte, en passant par la Syrie.

«Nous voyons une réaction confuse, lente et incohérente à l'attaque terroriste en Libye, un refus d'être franc avec les Américains à propos de ce qui est arrivé et un échec complet dans l'explication de la menace terroriste grandissante à laquelle nous sommes confrontés dans la région», a déclaré le candidat républicain lors d'un discours au Massachusetts, à la fin du mois de septembre.

L'ancien gouverneur du Massachusetts reproche également à Barack Obama de manquer de fermeté vis-à-vis de l'Iran et de solidarité à l'égard d'Israël.

Barack Obama a peut-être réussi à désamorcer les critiques de son rival sur la réponse de son administration à l'assaut contre le consulat américain de Benghazi, qui a fait quatre morts - dont l'ambassadeur Christopher Stevens. Lors du deuxième débat, il a notamment rappelé qu'il avait qualifié cette attaque d'«acte de terreur» dès le 12 septembre, alors que Mitt Romney et plusieurs républicains l'accusent d'avoir mis plusieurs jours à le faire.

Deux jours après le débat, dans une entrevue télévisée, le président a également nié toute confusion dans l'affaire de l'attentat de Benghazi. «Selon moi, il n'y avait pas de confusion sur le fait que nous devions renforcer la sécurité [des postes diplomatiques] dans le monde entier juste après que ce fut arrivé, a-t-il déclaré. Il n'y avait pas de confusion sur le fait que nous devions enquêter sur ce qui s'était exactement passé, pour y remédier. Et pour moi, il n'y avait pas de confusion sur le fait que nous allions pourchasser les auteurs, quels qu'ils soient.»

Le débat permettra par ailleurs à Barack Obama de clarifier la position des États-Unis sur d'éventuelles négociations directes avec l'Iran. Samedi soir, la Maison-Blanche a nié une information publiée par le New York Times selon laquelle Washington et Téhéran s'étaient entendus pour tenir des pourparlers bilatéraux sur le programme nucléaire iranien.

Gageons aussi que Barack Obama rappellera l'élimination d'Oussama ben Laden, un fait d'armes qui lui a longtemps procuré un avantage sur Mitt Romney sur les questions de sécurité nationale.