En écho aux présidents Ronald Reagan et George W. Bush, Mitt Romney promet de restaurer le prestige américain dans le monde après la présidence «passive» de Barack Obama, mais les experts n'attendent pas de rupture majeure de la politique étrangère des États-Unis.

«Le monde de Romney, c'est le monde de Bush qui n'a pas beaucoup changé», estime Justin Vaïsse, auteur de «Barack Obama et sa politique étrangère», selon qui Mitt Romney «coche toutes les cases du néoconservatisme».

Le républicain s'est entouré de quelques vétérans de l'aile néoconservatrice du parti et de conseillers plus modérés. Il fait aussi souvent référence à la politique de «paix grâce à la force» de l'ancien président Ronald Reagan.

«La sécurité de l'Amérique et la cause de la liberté ne peuvent pas se permettre quatre années supplémentaires comme les quatre précédentes», a déclaré Mitt Romney dans un discours le 8 octobre.

«Le chef du monde libre a le devoir, envers ses compatriotes et nos amis partout dans le monde, d'utiliser la grande influence de l'Amérique, avec sagesse et sans fausse fierté, mais aussi fermement et activement, pour forger les événements et renforcer nos intérêts, affirmer nos valeurs, empêcher les conflits et rendre le monde meilleur - pas parfait, mais meilleur».

«Romney veut être plus ferme, plus intransigeant», poursuit Justin Vaïsse. «Mais en réalité ce ton ne se traduit pas par des propositions concrètes qui se différencient de ce que fait déjà l'administration».

En campagne, Mitt Romney dénonce la «passivité» de Barack Obama face aux attaques antiaméricaines dans le monde arabe, signe selon lui d'un affrontement entre «démocratie» et «despotisme».

Ami du Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, depuis les années 1970, le républicain garantit que rien ne pourra éloigner les deux nations sous sa présidence.

Il a adopté un ton extrêmement ferme sur l'Iran, et promis des sanctions renforcées pour empêcher Téhéran d'atteindre les «capacités» d'obtenir l'arme nucléaire, un seuil plus bas que l'obtention de l'arme atomique elle-même et proche de la ligne israélienne.

Mais en pratique, les experts soulignent que cette ligne rouge laisse une marge d'interprétation. Samedi soir, la Maison-Blanche a démenti un article du New York Times qui affirmait que les États-Unis et l'Iran s'étaient mis d'accord pour entamer après le 6 novembre des négociations directes.

Affrontements chinois et russe

En Afghanistan, Mitt Romney approuve de fait le retrait décidé par Barack Obama d'ici la fin 2014, tout en regrettant que les États-Unis aient annoncé en avance la date du départ, qui selon lui incite les talibans à fourbir leurs armes.

Il multiplie les appels à armer l'opposition au régime du président syrien Bachar al-Assad, mais préfère que les livraisons soient effectuées par les Saoudiens et les Turcs. Un responsable européen à Washington confie d'ailleurs: «sauf une grande catastrophe (...), je ne vois pas de réengagement américain très marqué sur le dossier syrien».

Les relations avec la Chine et la Russie pourraient en revanche s'échauffer si le républicain entrait à la Maison-Blanche.

Mitt Romney s'est engagé à déclarer Pékin «manipulateur de sa monnaie», un terme officiel qui peut conduire à des représailles douanières et une éventuelle guerre commerciale.

Mais comme le souligne Nicholas Lardy de l'Institut Peterson, une telle déclaration ne fait qu'enclencher une procédure de négociations de plusieurs années.

«Cela fera disparaître le problème jusqu'à la prochaine élection. Mais ça détourne l'attention», explique à l'AFP Derek Scissors, du centre de réflexion conservateur Heritage Foundation.

La Russie enfin est en ligne de mire de Mitt Romney après la tentative de «redémarrage» de la relation russo-américaine par l'administration Obama.

En héraut de la liberté, le candidat a promis de défendre les jeunes démocraties européennes contre «l'ombre» de la Russie de Vladimir Poutine, ajoutant: «il n'y aura pas de flexibilité» avec le président russe, une référence directe à Barack Obama, qu'un micro avait surpris en mars confiant à l'ancien président Dmitri Medvedev qu'il aurait plus de «flexibilité» après le 6 novembre.