Au lendemain de leur débat musclé, Barack Obama et Mitt Romney se sont disputé les faveurs des femmes, qui pourraient jouer un rôle décisif dans le résultat de l'élection présidentielle du 6 novembre.

Le président, déclaré vainqueur par la plupart des analystes et des téléspectateurs, a tenté d'exploiter une réponse malhabile de son rival à une question sur l'équité salariale. Le candidat républicain a affirmé mardi soir avoir demandé et reçu des «classeurs remplis de femmes» lorsqu'il cherchait des candidatures féminines pour former son cabinet après son élection au poste de gouverneur du Massachusetts.

L'expression technocratique a suscité des réactions aussi nombreuses que sarcastiques sur la Toile et soulevé des questions sur l'ouverture de Mitt Romney. Malgré une longue expérience dans le monde des affaires, il aurait été incapable de trouver lui-même des femmes qualifiées.

«Nous n'avons pas besoin de récolter un paquet de classeurs pour trouver des jeunes femmes qualifiées, talentueuses et motivées prêtes à travailler dans ces domaines», a déclaré Barack Obama hier après-midi lors d'un rassemblement électoral à Mount Vernon, en Iowa.

Moyens de contraception

Lors du débat de mardi soir, le président a également courtisé l'électorat féminin en accusant son adversaire républicain de vouloir éliminer le financement de services médicaux pour les femmes, restreindre l'accès aux moyens de contraception et combattre l'équité salariale.

«Ce n'est pas seulement une question féminine», a déclaré Barack Obama au cours du débat. «C'est une question familiale. C'est une question qui concerne la classe moyenne. Et c'est la raison pour laquelle nous devons continuer ce combat.»

Les femmes représentent un des groupes les plus importants de la coalition électorale de Barack Obama, avec les jeunes, les Latinos et les Afro-Américains. Or, selon plusieurs sondages, Mitt Romney a réduit de façon considérable son retard sur le président auprès de l'électorat féminin.

Hier, le candidat républicain a voulu continuer à progresser dans cette voie en diffusant une publicité télévisée sur sa position au sujet de la contraception et de l'avortement. On y entendait notamment une femme expliquer que l'ancien gouverneur du Massachusetts «pense que l'avortement devrait être un choix en cas de viol, d'inceste ou pour sauver la vie de la mère».

«Cette question est importante, mais je suis davantage préoccupée par la dette dont hériteront nos enfants», ajoute cette femme.

Mitt Romney a abordé un thème semblable hier lors d'un rassemblement électoral à Chesapeake, en Virginie.

«Ce président a laissé tomber les femmes américaines, a-t-il dit. Elles ont souffert par manque d'emplois. Elles ont souffert en tombant dans la pauvreté. Nous avons un président qui n'a pas aidé les femmes américaines.»

Obama vainqueur

Selon tous les sondages réalisés après le débat de mardi soir à Hempstead, dans l'État de New York, les téléspectateurs ont jugé que Barack Obama a remporté la victoire. Celui-ci a été déclaré vainqueur par 46% des personnes interrogées par CNN, contre 39% qui ont préféré la performance de Mitt Romney. Une enquête réalisée par CBS a également relevé un écart de sept points en faveur du président (37% contre 30%).

Il faudra cependant attendre quelques jours avant de déterminer si la performance plus combative de Barack Obama lors du deuxième débat présidentiel aura un impact sur la course à la Maison-Blanche. Pour le moment, Mitt Romney continue à profiter de l'élan que lui a procuré sa performance lors du premier débat. Sur le plan national, il récoltait hier 51% des intentions de vote, contre 46% pour Barack Obama, selon le baromètre quotidien de Gallup.

Le sondage quotidien de Reuters/Ipsos créditait pour sa part Barack Obama d'une avance de trois points (46% contre 43%).

Le troisième et dernier débat présidentiel, qui portera sur la politique étrangère, se tiendra le 22 octobre en Floride.

PHOTO EMMANUEL DUNAND, AFP

Pour ce partisan républicain, présent hier à un rassemblement électoral à Chesapeake, en Virginie, l'élection d'un président Romney serait une victoire pour la liberté.