«Trop poli.» Après le premier débat, il y a deux semaines, Barack Obama a fait son mea-culpa. Il a admis ne pas avoir été assez agressif à l'égard de Mitt Romney.

Hier, trois semaines jour pour jour avant le scrutin, il a laissé tomber les gants.

Une sacrée chance pour lui et pour son parti. Parce que Mitt Romney avait le goût de l'envoyer une nouvelle fois dans les câbles.

L'ancien gouverneur du Massachusetts, le ton parfois agressif - même envers la modératrice pour réclamer son temps de parole -, l'air souvent crispé, a dénoncé le président et son bilan avec vigueur. Comme il l'avait fait lorsque les deux hommes ont croisé le fer la première fois.

Il y a deux semaines, Barack Obama avait l'air au bout du rouleau. Il avait l'air moins à l'aise devant son rival que ne l'est un témoin ces jours-ci, devant la commission Charbonneau. Et il avait passé 90 minutes sur la défensive.

Hier, systématiquement, Obama a répliqué en attaquant à son tour, mais généralement sur un ton plus conciliant que son rival, un large sourire éclairant son visage.

Probablement parce que, du début à la fin, il était en train de se dire: mission accomplie.

Pas parce que Romney était mauvais. Au contraire. Mais enjeu par enjeu, Obama a été en mesure de se démarquer de son adversaire et de le dépeindre comme le politicien plus radical qu'il était à l'époque où il affrontait d'autres républicains. Non comme le gouverneur modéré du Massachusetts qu'il semble être redevenu depuis moins d'un mois.

Obama a même réussi à associer mieux que jamais le candidat républicain à George W. Bush. Il peut dire merci à une participante, qui a demandé à Romney ce qui le différenciait de l'ex-président américain, qui demeure encore aujourd'hui un politicien toxique aux États-Unis.

«Le président Bush et moi sommes des personnes différentes et l'époque est différente», a répliqué Romney à l'électrice, avant de répéter le contenu de son plan en cinq points pour relancer l'économie.

Obama a pour sa part soutenu que Romney met de l'avant les mêmes politiques que Bush. Et que s'il est différent, c'est simplement qu'il est plus «extrême pour ce qui est des politiques sociales».

Il a aussi gratté le bobo de Mitt Romney là où ça fait mal. Que ce soit en revenant sur la déclaration de l'ex-gouverneur au sujet des 47% des Américains qui se considèrent comme des victimes. Ou des impôts payés par le candidat l'an dernier.

«Il n'a à payer que 14% alors que beaucoup d'entre-vous paient beaucoup plus», a lancé Obama, qui a su profiter du format et s'adresser directement aux électeurs sur place avec plus de virtuosité que son rival.

Mais le moment le plus marquant du débat sera peut-être celui où Mitt Romney a tenté d'attaquer son adversaire sur l'attaque du consulat américain en Libye. Il lui a reproché de faire de la politique à ce sujet. «C'est offensant», a rétorqué Obama. Romney a ensuite accusé - à tort - le président de ne pas avoir utilisé le mot terroriste pour qualifier l'attaque dès le lendemain. Il s'est rapidement fait rappeler à l'ordre par la modératrice.

Le premier débat a fait mal à Obama. Sa contre-performance a permis à Romney, pour la première fois de toute la campagne, de montrer aux Américains qu'il avait l'étoffe d'un président. Plus de 67 millions de télé- spectateurs ont alors vu le président s'écraser. Du pain bénit pour Romney. Et un cauchemar pour son rival.

Hier, les Américains ont eu droit à un Barack Obama 2.0. La question qui tue: est-ce que ça suffira à freiner l'élan de Mitt Romney, qui a le vent dans les voiles comme jamais auparavant?