Les marathoniens ne seraient pas les seuls à douter de l'honnêteté de Paul Ryan depuis qu'il s'est vanté d'avoir terminé l'épreuve de 42 km en 2h50 et des poussières en 1990, une différence de plus d'une heure par rapport à la réalité.

«Cette histoire a nui à la crédibilité de Paul Ryan auprès d'une partie de l'électorat», a déclaré Dennis Dresang, politologue à l'Université du Wisconsin-Madison, à la veille du débat entre les candidats à la vice-présidence des États-Unis.

Dennis Dresang ne s'attend pas à ce que la modératrice du face-à-face, la journaliste d'ABC Martha Raddatz, soulève ce sujet. Mais il ne serait pas surpris que Joe Biden le fasse.

«Chose certaine, si j'étais conseiller de Biden, je l'aviserais de procéder à un rappel subtil de l'exagération de Ryan et d'enchaîner sur les libertés que celui-ci prend aussi avec la vérité sur la santé, la fiscalité et le budget», a déclaré le politologue.

Bien sûr, Paul Ryan sera probablement prêt à toutes les éventualités. Élu à la Chambre des représentants en 1998, le politicien de 42 ans a une expérience des débats qui précède même sa première campagne électorale. Il s'est notamment glissé dans la peau d'Al Gore pour aider son mentor, Jack Kemp, à se préparer en prévision du débat entre les candidats à la vice-présidence lors de l'élection de 1996.

Devant le vice-président, Paul Ryan abattra tous ses atouts afin de conserver l'élan pris par Mitt Romney lors du premier débat présidentiel.

«Paul Ryan est un très bon débatteur. Il a une excellente maîtrise des faits et des arguments», a déclaré John McAdmas, politologue à l'Université Marquette de Milwaukee. «Mais le piège qui le guette est de paraître moins sympathique que Joe Biden. Le premier débat présidentiel a démontré combien il était important de paraître sympathique.»

Un exercice d'équilibriste

Bien connu pour ses opinions conservatrices en matière budgétaire et sociale, Paul Ryan devra également prendre garde à ne pas contredire Mitt Romney sur ses positions. Le candidat républicain a notamment déclaré lundi qu'il continue à s'opposer à l'avortement, sauf dans les cas de viol, d'inceste ou de danger pour la santé de la mère.

Or, en août dernier, Paul Ryan a affirmé que «la méthode de conception ne change pas la définition de la vie», d'où son opposition à l'avortement en toutes circonstances.

Joe Biden devrait également tenter d'exploiter les différences entre Mitt Romney et Paul Ryan sur les questions budgétaires. Le représentant du Wisconsin a donné son nom à un plan d'austérité qui prévoit notamment 6000 milliards de dollars de coupes en 10 ans.

«Dans mon esprit, la principale question est de savoir comment Paul Ryan parviendra à défendre ses propositions tout en les conciliant avec celles de Mitt Romney, a dit Dennis Dresang, de l'Université du Wisconsin-Madison. Ce sera un bel exercice d'équilibriste.»