Désormais en tête dans les sondages grâce à son débat réussi face à Barack Obama, le républicain Mitt Romney porte mardi la bataille dans l'Ohio, l'État qui pourrait déterminer le vainqueur de l'élection présidentielle américaine.

Pour la première fois depuis le début de la campagne en vue de la consultation du 6 novembre, la moyenne de sondages réalisée par le site spécialisé RealClearPolitics (RCP) a accordé mardi une avance à M. Romney, le créditant de 48% des voix contre 47,3% au président démocrate sortant.

Ce résultat s'inscrit dans la continuité du décrochage de M. Obama depuis sa mauvaise prestation au débat de Denver au Colorado, le premier des trois rendez-vous entre le 44e président des États-Unis et celui qui aspire à devenir le 45e.

Les sondages nationaux peuvent toutefois se révéler trompeurs, le système électoral américain étant organisé État par État, ce qui donne une importance disproportionnée aux territoires où la course est serrée, comme précisément l'Ohio: aucun républicain ne s'est installé à la Maison-Blanche sans l'avoir remporté.

M. Romney a prévu de passer la soirée de mardi et toute la journée de mercredi dans cet État où RCP le donnait mardi en retrait de trois points sur M. Obama. Ce dernier est aussi attendu sur place en fin d'après-midi.

Sur le terrain, M. Romney s'adjoindra l'aide du gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, réputé pour son franc-parler.

Avant l'Ohio, M. Romney a effectué une courte escale dans une ferme de Van Meter dans l'Iowa, un autre État important sur la carte électorale, en promettant d'être un bon président pour le secteur agricole et en égratignant le bilan du président sortant.

«Des qualités de bateleur»

L'un des principaux conseillers de M. Romney, Kevin Madden, a assuré mardi que le camp républicain ne se laisserait pas enivrer par les bonnes nouvelles sur le front des sondages. «On ne peut pas trop miser sur cette idée d'élan. C'est quelque chose qui peut disparaître», a-t-il indiqué. «Nous pensons toujours que cette élection sera très serrée».

En l'absence de nouveau face-à-face entre MM. Obama et Romney cette semaine, l'attention va se concentrer sur le débat des numéros deux: le vice-président Joe Biden et le colistier de M. Romney, Paul Ryan, se retrouvent jeudi dans le Kentucky.

Lundi soir, M. Obama a cherché à rassurer son camp, désorienté par son manque de combativité à Denver. «Après le débat, beaucoup de gens sont venus me voir pour me dire "ne soyez pas si poli, ne soyez pas si gentil"», a-t-il déclaré lors d'une réunion électorale à San Francisco.

«Mais je veux que tout le monde comprenne, ce qui a été présenté (par M. Romney), ce n'était pas des qualités de chef, mais des qualités de bateleur», a-t-il assuré.

M. Obama est attendu mardi après-midi à l'université de l'Ohio à Columbus, pour sa 30e visite dans l'État depuis sa prise de fonctions en janvier 2009. Il s'exprimera face à des étudiants, un groupe qui s'était mobilisé pour lui lors de la présidentielle de 2008.

Alors que les machines électorales tournent à plein régime, le camp Obama a diffusé mardi une publicité tentant de ridiculiser M. Romney, qui avait professé à Denver l'idée de couper les crédits à la chaîne publique PBS. Elle diffuse notamment l'émission pour enfants Sesame Street dont l'un des héros est l'oiseau géant Big Bird.

M. Romney a estimé mardi que de telles attaques étaient déplacées. «Les temps sont durs, les dossiers sont difficiles. Et donc, je me gratte la tête quand je vois le président parler de la nécessité de sauver Big Bird», a-t-il jugé à Van Meter.

De son côté, la société propriétaire des droits de Big Bird a protesté mardi contre l'utilisation politique de son oiseau fétiche, et réclamé que la publicité démocrate soit retirée.