Barack Obama et Mitt Romney ont cherché jeudi en Virginie (est) à exploiter leurs faiblesses réciproques, le républicain brandissant les mauvais chiffres de la croissance et le président citant les propos de son rival sur les «47%» d'Américains «victimes».

A 40 jours de la présidentielle du 6 novembre et six jours avant de se retrouver pour le premier de leurs trois débats télévisés, MM. Romney et Obama ont tenté de convaincre les électeurs de cet État-clé, moins de 24 heures après avoir labouré tous deux une autre région cruciale, l'Ohio.

Devant 7000 personnes à Virginia Beach, à 350 km au sud de Washington, le président démocrate a mentionné plusieurs fois les propos de M. Romney enregistrés sur une vidéo volée, publiée il y a dix jours, dans laquelle il affirme que 47% des Américains ne voteront pas pour lui car ils ont une mentalité de «victimes» et ne paient pas d'impôts.

«Je ne pense pas que l'on puisse aller très loin avec des dirigeants qui passent la moitié du pays par pertes et profits, en les qualifiant de victimes qui ne prennent pas leurs responsabilités», s'est écrié M. Obama. «Je voyage beaucoup en Virginie et dans tout ce pays. Je ne vois pas beaucoup de victimes», a-t-il ajouté.

Alors que la cote de M. Romney dans les sondages a sombré pendant le mois de septembre, au point d'accuser dix points de retard dans l'Ohio, un État qui donne traditionnellement le «la» des élections présidentielles, M. Obama a ironisé sur le programme économique de son adversaire, jugé «pas cohérent».

«Tous les jours, il nous dit qu'il va relancer leur campagne et qu'ils vont commencer à expliquer vraiment comment ce plan va fonctionner, et puis ils ne le font pas», a affirmé le président.

M. Romney a cherché ces derniers jours à s'emparer du thème du «changement» qui avait fait le succès de M. Obama en 2008.

Mais le changement «ne peut pas se produire si vous méprisez la moitié du pays avant de prendre vos fonctions», a insisté M. Obama, en rappelant que 47% justement des Américains n'avaient pas voté pour lui, mais qu'il avait été leur président à eux aussi.

4,5 points d'avance pour Obama en Virginie

Malgré sa mauvaise passe dans les sondages, M. Romney a continué jeudi à critiquer le bilan économique de M. Obama, le message principal sur lequel il tente de le mettre en difficulté.

En Virginie lui aussi, M. Romney a accusé le président sortant de faire prendre à l'Amérique «le chemin de l'Europe» et s'est emparé du chiffre de la croissance révisé à la baisse publié jeudi. «La Chine croît bien plus vite que nous. La Russie croît plus vite que nous (...) C'est inacceptable», a affirmé le républicain.

«Nous ne pouvons pas nous permettre quatre années supplémentaires ressemblant aux quatre années passées», a encore dit M. Romney dans un discours à Springfield, dans la banlieue sud de Washington, devant environ 200 anciens combattants.

Mais les électeurs, dont ceux de Virginie, semblent juger moins sévèrement ces dernières semaines le bilan économique du président sortant: celui-ci dispose de 4,5 points d'avance sur M. Romney dans l'État, selon une moyenne de sondages du site spécialisé RealClearPolitics.

Autrefois très conservatrice, la Virginie est devenue plus sensible aux idées démocrates avec le développement des banlieues de Washington. Elle compte aujourd'hui presque 30% d'habitants issus des minorités, majoritairement acquis au président sortant. En 2008, ce dernier avait été le premier démocrate depuis 1964 à remporter l'État à la présidentielle.

Alors que les opérations de vote anticipé ont commencé dans certains États, l'équipe de Barack Obama a présenté jeudi une publicité télévisée de deux minutes, une durée inhabituellement longue à ce stade de la campagne.

Le président y expose son propre programme économique, qui comprend la fin de cadeaux fiscaux pour les plus riches afin d'aller vers un rééquilibrage du budget, au nom d'un «nouveau patriotisme économique».

Photo: AFP

Mitt Romney a pris un bébé dans ses mains lors de son passage à Springfield, en Virginie.