À la fin de sa pire semaine en tant que candidat présidentiel, Mitt Romney demeure optimiste et résolu. Il nie que sa campagne, qualifiée de «catastrophe ambulante» par Peggy Noonan, ancienne conseillère de Ronald Reagan, a besoin d'un changement de cap urgent.

«Nous avons une campagne qui est à égalité avec le président sortant des États-Unis», a-t-il dit lors d'une interview diffusée hier soir dans le cadre de l'émission 60 Minutes de CBS.

Le candidat républicain n'a pas tort. Même après la controverse soulevée par ses propos sur les 47% d'Américains qui ne paient pas d'impôts, il est au coude à coude avec Barack Obama dans certains sondages nationaux. Malheureusement pour lui, ce ne sont pas les sondages qui comptent vraiment.

Comme l'élection présidentielle de 2000 l'a bien démontré, le gagnant de la Maison-Blanche n'est pas déterminé par le vote populaire, mais par les grands électeurs, qui forment le collège électoral, une institution archaïque dont les Américains refusent de se départir. Ainsi, pour être élu président, un candidat doit obtenir 270 grands électeurs sur un total de 538, qui sont répartis parmi les États selon la taille de leur population. Dans tous les États, à l'exception du Maine et du Nebraska, les grands électeurs sont décernés au gagnant du vote populaire.

Or, dans la course aux grands électeurs, celle qui compte vraiment, Barack Obama bénéficie d'un avantage qui laisse à son rival républicain une marge d'erreur minuscule. Selon le site internet Real Clear Politics, le président est virtuellement assuré d'un minimum de 247 grands électeurs, puisqu'on le donne notamment gagnant dans quatre des États les plus populeux des États-Unis, soit la Californie (55 grands électeurs), New York (29), l'Illinois (20) et la Pennsylvanie (20).

Mitt Romney, de son côté, part avec un minimum de 191 grands électeurs; le Texas (38) est le seul grand État où sa victoire est déjà acquise.

La course à la Maison-Blanche se déroule donc dans seulement huit États indécis, qui représentent 100 grands électeurs, selon Real Clear Politics (RCP). Il s'agit de la Floride (29 grands électeurs), de l'Ohio (18), de la Caroline-du-Nord (15), de la Virginie (13), du Colorado (9), du Nevada (8), de l'Iowa (6) et du New Hampshire (4).

Ces États sont considérés comme les champs de bataille de l'élection présidentielle, parce que l'écart qui sépare les deux candidats dans les sondages locaux n'est pas insurmontable ou irréversible. Or, à 43 jours du scrutin, Barack Obama devance Mitt Romney dans tous les États dits indécis, à l'exception de la Caroline du Nord, selon la moyenne des sondages compilés par RCP.

Le président jouit ainsi d'une avance de 1,7 point de pourcentage en Floride, de 4,1 points en Ohio et de 4,5 points en Virginie. Il lui suffirait pratiquement de remporter la Floride pour être réélu. Des victoires en Ohio et au Colorado compenseraient aussi pour des défaites dans tous les autres États indécis.

De son côté, Mitt Romney pourrait devenir le premier candidat républicain à être élu à la Maison-Blanche sans l'Ohio, à condition de priver son rival de la victoire dans presque tous les États indécis, y compris la Floride et la Virginie (remportées par Barack Obama en 2008). Sa tâche est d'autant plus difficile que le taux de chômage en Virginie (5,9%) est nettement inférieur à la moyenne nationale de 8,1%.

Le candidat républicain n'a cependant pas l'intention d'abandonner l'Ohio. Après avoir participé hier à un rassemblement électoral au Colorado, un État-clé où il tire de l'arrière par 2,1 points de pourcentage selon la moyenne des sondages compilés par RCP, il entreprendra aujourd'hui une tournée de 72 heures en bus dans cet État du Midwest remporté par Barack Obama en 2008 et par George W. Bush en 2000 et en 2004.

Le président, lui, commencera la semaine à New York, où il participera à l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU et s'arrêtera sur le plateau de l'émission de télévision The View. Mercredi, il fera une énième visite en Ohio, avec en tête le même chiffre magique que Mitt Romney: 270.