La campagne pour l'élection présidentielle américaine semblait faire du surplace depuis plusieurs mois, mais Barack Obama a pris récemment un léger avantage dans des États où la bataille s'annonce la plus serrée en raison d'une série de gaffes de Mitt Romney, notamment ses propos méprisants sur les Américains qui ne payent pas d'impôts sur le revenu.

À environ six semaines du scrutin, malgré une économie qui reste maussade aux États-Unis, le président a dépassé son adversaire républicain dans certains des États les plus disputés, dont l'Iowa et la Virginie, et a contraint Mitt Romney à redoubler d'efforts en Floride et dans l'Ohio, sans lesquels il a peu de chances de gagner l'élection.

Selon un sondage diffusé par le Washington Post réalisé auprès d'électeurs potentiels en Virginie, par exemple, M. Obama dispose d'une avance de huit points de pourcentage. Deux autres sondages (Fox News et Quinnipiac/CBS/New York Times) donnent sept points de pourcentage d'avance à Barack Obama dans cet État. Enfin, un sondage Wall Street Journal/NBC News/Marist lui accorde huit points d'avance dans l'Iowa et respectivement cinq points dans le Colorado et le Wisconsin.

Cet avantage s'est construit en plusieurs semaines au cours desquelles Mitt Romney a commis beaucoup plus d'erreurs que Barack Obama. Et ce dernier a bénéficié d'un coup de pouce grâce à une stratégie de communication efficace et de bonnes collectes de fonds.

Il reste toutefois plusieurs semaines de campagne et les trois débats télévisés, organisés à partir du 3 octobre, constituent le genre d'événements qui peuvent à nouveau renverser la tendance. Mais Barack Obama est passé en tête à un moment charnière dans des États-clés. Des sondages montrent que la cote de popularité de Mitt Romney a fortement baissé en Virginie et dans l'Ohio, et sa capacité à rivaliser avec Barack Obama dans l'Iowa et le Wisconsin est désormais remise en question.

Pour l'emporter dans ces États, le candidat républicain va devoir rallier une grande majorité des électeurs indécis et maximiser la participation de ceux qui sont déjà acquis à la cause du Parti républicain.

Les dirigeants du Grand Old Party affirment toutefois qu'il est trop tôt pour enterrer Mitt Romney. L'ancien gouverneur républicain du Mississippi, Haley Barbour, estime ainsi que la « bonne politique » proposée par Mitt Romney l'« emportera » sur les « politiques d'Obama qui ont échoué ». « Les enjeux sont trop importants pour laisser passer » cette élection, souligne-t-il.

Les déboires médiatiques du candidat du GOP se sont aggravés avec la diffusion le 17 septembre dernier d'une vidéo tournée en caméra cachée en mai. Dans celle-ci, Mitt Romney affirme à des donateurs de sa campagne que les quelque 47 % des Américains qui ne payent pas d'impôts sur le revenu soutiendront Obama, qu'ils « dépendent du gouvernement » et « se prennent pour des victimes ».

Cette vidéo a éclipsé le reste de la campagne du candidat républicain, qui avait promis de faire de nouvelles propositions très concrètes pour redresser l'économie. Les démocrates en ont profité, affirmant que la vidéo correspondait au portrait qu'ils font du candidat républicain, à savoir un homme politique riche totalement coupé des Américains ordinaires.

Mitt Romney n'a pas renforcé sa cote de popularité, quelques jours plus tard, en dévoilant sa feuille d'impôt pour 2011, alors qu'il était accusé de manquer de transparence. Elle montre qu'il a payé 1,94 million de dollars d'impôts en 2011 sur un revenu annuel de 13,7 millions de dollars, soit un taux d'imposition de 14,1 %. C'est moins que ce que payent de nombreuses familles, parce que la plupart des gains du couple proviennent d'investissements.

Les stratèges des deux partis ont des explications différentes sur la baisse de la cote de popularité de Mitt Romney.

Certains disent que des millions d'Américains ont commencé à s'intéresser sérieusement à la campagne pendant les conventions des deux partis, quand les démocrates ont semblé faire une meilleure impression. Il semble que le soutien apporté par l'ancien président Bill Clinton à Barack Obama a été particulièrement efficace.

Pour d'autres, Mitt Romney n'est pas parvenu à présenter une vision convaincante de ses ambitions pour les États-Unis. Son message semble parfois vague et confus, notamment quand il promet de réduire les dépenses fédérales avant de critiquer Barack Obama, l'accusant de vouloir ponctionner 716 milliards de dollars dans les fonds destinés au programme Medicare, l'assurance-maladie fédérale des personnes âgées.

Certains analystes affirment également que Barack Obama a bien fait de faire campagne de manière agressive pendant la convention républicaine. Il a aussi continué à faire diffuser des spots télévisés dans des États où la lutte s'annonce serrée, alors que Mitt Romney ne s'est guère montré pendant la convention républicaine et a arrêté de faire campagne afin de se préparer pour les débats.