Barack Obama a vanté lundi une nouvelle saisine de l'OMC visant les exportations automobiles de la Chine, en faisant campagne contre son adversaire Mitt Romney dans l'Ohio, un État crucial en vue de la présidentielle américaine.

« Mon adversaire a apparemment fait le tour de l'Ohio en assurant qu'il relèverait les manches et s'attaquerait à la Chine. Mais voici la vérité : son expérience professionnelle a été de posséder des entreprises qui ont été qualifiées de pionnières des délocalisations vers la Chine », a lancé M. Obama lors d'un discours de campagne à Cincinnati.

« On ne peut pas être intransigeant face à la Chine lorsque tout ce que vous avez fait est de leur envoyer vos emplois », a ajouté M. Obama, en allusion au passé dans les affaires de M. Romney, un ancien entrepreneur de capital-risque multimillionnaire.

Face à la Chine, « je ne dis pas seulement ce que je vais faire, je fais ce que je dis », a assuré le président, en voulant pour exemple le lancement d'une nouvelle procédure à l'Organisation mondiale du commerce contre la Chine dans le secteur automobile, annoncée lundi matin par son administration.

Le candidat républicain Mitt Romney a répliqué à cette annonce en estimant que M. Obama en avait fait « trop peu, trop tard » face à Pékin. Il a à nouveau promis davantage de fermeté si jamais il remportait la Maison-Blanche le 6 novembre.

L'Ohio, où sont installés de nombreux sous-traitants de l'industrie automobile américaine durement touchés par la désindustrialisation, est considéré comme l'État le plus important dans la course à la Maison-Blanche. M. Obama devait y passer la journée, avec un second discours prévu dans l'après-midi à Columbus.

M. Romney doit impérativement remporter l'Ohio s'il souhaite garder des chances de gagner dans 50 jours, et les derniers sondages lui sont très défavorables : sept points de retard selon une enquête NBC/Wall Street Journal publiée jeudi dernier.

Mise au point chinoise

L'administration Obama est coutumière de telles annonces contre Pékin. Début juillet, une visite de M. Obama dans l'Ohio avait déjà coïncidé avec une procédure devant l'OMC, cette fois là contre les droits de douane appliqués par la Chine aux voitures américaines.

Dans leurs campagnes électorales, M. Obama comme M. Romney ont régulièrement recours au thème de la fermeté face à la Chine, à la fois partenaire économique et concurrent géopolitique de Washington.

Lundi, le républicain a estimé que « le président a passé 43 mois sans s'en prendre aux pratiques commerciales injustes de la Chine. Les procédures commerciales en plein milieu de la campagne électorale font bon effet pendant les discours, mais c'est trop peu, trop tard pour les entreprises américaines et la classe moyenne ».

« Je n'attendrai pas les derniers mois de ma présidence pour me dresser contre la Chine », a encore indiqué le présidentiable républicain, qui avait déjà affirmé jeudi dernier qu'il ferait en sorte, s'il était élu, que Pékin « respecte les règles », notamment sur le taux de change de sa monnaie.

La profession de foi de M. Romney a provoqué une sèche mise au point chinoise vendredi via Chine nouvelle. Le candidat républicain, a estimé l'agence officielle, tente « de marquer facilement des points politiques en faisant une fois de plus peser la responsabilité du taux de chômage insupportablement élevé des États-Unis sur la politique de changes de Pékin ».

Quelques heures après l'annonce d'une nouvelle procédure américaine, l'OMC à Genève a en outre révélé lundi que la Chine l'avait saisie pour contrer des « mesures compensatoires et "antidumping" » des États-Unis sur plusieurs produits industriels.