Barack Obama, désormais officiellement candidat démocrate à un second mandat à la Maison-Blanche, et son adversaire républicain, Mitt Romney, se sont lancés vendredi dans la dernière ligne droite avant l'élection présidentielle du 6 novembre. Les nouveaux chiffres décevants du chômage ont dominé cette journée de campagne dans le New Hampshire et l'Iowa.

Le gouvernement fédéral a annoncé que le taux de chômage avait légèrement baissé en août, à 8,1% de la population active. Il était de 8,3% le mois précédent, mais ce recul est essentiellement dû aux personnes ayant renoncé à chercher un travail. «Ce n'est pas assez. Nous savons que ce n'est pas assez», a dit M. Obama, en déplacement dans le New Hampshire.

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«Après 43 mois consécutifs de chômage au-dessus des 8%, il est clair que le président Obama n'a tout simplement pas tenu ses promesses et que sa politique n'a pas réussi», a déclaré Mitt Romney dans un communiqué, alors qu'il gagnait l'Iowa (nord). «Nous n'allons pas mieux qu'il y a quatre ans. Mon programme pour une classe moyenne plus forte va créer 12 millions de nouveaux emplois d'ici à la fin de mon premier mandat. L'Amérique mérite une nouvelle direction qui remettra notre économie en mouvement», a-t-il ajouté.

Les sondages donnent Barack Obama et Mitt Romney à égalité, mais le candidat républicain est actuellement considéré comme le plus à même de relancer l'économie, priorité des Américains.

Le président sortant a défendu son bilan lors de son investiture, jeudi soir. Il a demandé quatre ans de plus pour récolter les fruits de sa politique. En votant républicain, a-t-il lancé, «vous adhérez au cynisme selon lequel le changement pour lequel nous nous sommes battus n'est pas possible».

Au lendemain du discours d'Obama, Romney a pour sa part lancé le sprint des deux derniers mois avec une rafale de 15 spots de campagne diffusés sur les télévisions de huit États. Les deux candidats vont concentrer leurs efforts sur la dizaine d'États susceptibles de basculer dans un camp ou dans l'autre, comme l'Iowa et le New Hampshire.

Barack Obama sait qu'il aura du mal à verrouiller le vote du petit nombre d'indécis, auxquels il s'est manifestement adressé jeudi soir, en leur proposant de travailler ensemble pour ramener les États-Unis sur la voie de l'équité économique, de la croissance et de l'emploi.

«Je n'ai jamais dit que ce voyage serait facile et je ne le promettrai pas plus maintenant. Oui, notre voie est difficile, mais elle nous mène vers un monde meilleur, a-t-il lancé. Soyez-en assurés. Nos problèmes peuvent être réglés. Nous pouvons être à la hauteur des difficultés [...]. La vérité, c'est qu'il nous faudra davantage que quelques années pour résoudre les difficultés qui se sont accumulées au cours de cette dernière décennie», a-t-il prévenu.

Les sondages suggèrent que la moitié des Américains qui ont fait leur choix veulent garder Barack Obama à la Maison-Blanche. L'autre moitié considère le passé d'homme d'affaires multimillionnaire de Mitt Romney comme un avantage pour régler les problèmes économiques du pays. Son adversaire est plus souvent vu comme un homme sympathique et en phase avec l'Américain moyen.

Mais la présidentielle 2012 pourrait être la plus serrée de l'histoire récente des États-Unis, avec moins de 10% d'électeurs encore indécis, selon les sondages.

Barack Obama, qui avait fait campagne avec le slogan «Yes We Can» («Oui, nous le pouvons»), achève son premier mandat sur une reprise économique au mieux modeste dans un pays où le chômage ne s'était pas maintenu aussi longtemps au-dessus des 8% depuis la Grande Dépression des années 30.

Et Mitt Romney va continuer à l'attaquer sur ce thème. Quand son adversaire demande du temps pour redresser une économie et un système financier qui se sont presque effondrés dans les derniers mois du second mandat de George W. Bush, le candidat républicain rétorque qu'il a déjà perdu quatre ans et doit partir.

Barack Obama met en avant l'attachement des Américains à la réforme du système de santé, à la politique d'immigration ou à la fin de l'interdiction faite aux militaires de révéler leur homosexualité. «Nous ne reculons pas, nous avançons, Amérique», a-t-il lancé jeudi soir.

Il a martelé le message délivré par les démocrates pendant les trois jours de la convention: l'Amérique est sur la voie de la guérison, et Mitt Romney reviendrait à des politiques qui ont déjà échoué en réduisant l'impôt des riches et en sabrant dans les programmes qui offrent aux Américains moyens la perspective d'un avenir plus prospère.

Bill Clinton, qui a dirigé les États-Unis pendant les années de prospérité de 1993 à 2001, a apporté sa caution à la politique économique de Barack Obama et exhorté les Américains à ne pas se retourner vers les républicains.

Si l'économie a dominé la convention de Charlotte (Caroline-du-Nord), il a aussi été question de sécurité nationale, l'un des points forts du président sortant dans les sondages. Les démocrates n'ont pas manqué de rappeler qu'il avait retiré les troupes de combat américaines d'Irak, comme promis, et qu'Oussama ben Laden avait été tué dans un raid américain au Pakistan l'an dernier, 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001.

Barack Obama a aussi insisté sur le manque d'expérience de Mitt Romney et de son colistier, Paul Ryan, en matière de politique étrangère. Il accuse son adversaire d'être «bloqué à l'époque de la guerre froide», pour avoir déclaré que la Russie est l'ennemi no 1 des États-Unis, et non Al-Qaïda.

Le camp républicain s'est contenté de répondre que «les Américains jugeraient le président Obama sur son bilan». «Ils savent qu'ils ne vont pas mieux (qu'en 2008) et qu'il est temps de changer de direction», a déclaré le directeur de campagne de Mitt Romney, Matt Rhoades, dans un communiqué.

Bill Clinton devrait être nommé «ministre qui explique les choses», dit Obama

Barack Obama a jugé vendredi que l'ancien président américain Bill Clinton méritait de devenir «ministre qui explique les choses», après un discours très applaudi, sous forme de vibrant plaidoyer pro-Obama, mercredi devant la convention démocrate.

«Quelqu'un m'a envoyé un courriel après son discours en disant "vous devriez le nommer ministre qui explique les choses". C'est bien vu. J'aime bien l'idée, ministre qui explique les choses», a plaisanté M. Obama, en marge d'un déplacement électoral dans le New Hampshire.

Un porte-parole d'Obama, Jen Psaki, a ajouté vendredi à bord de l'avion présidentiel Air Force One que l'équipe de campagne d'Obama serait ravie d'accueillir à nouveau Bill Clinton pour l'aider avant le scrutin du 6 novembre, qui s'annonce serré face au républicain Mitt Romney.

«Nous aimerions l'avoir à nos côtés dès qu'il sera disponible». Bill Clinton «est un incroyable avocat du président depuis longtemps», a déclaré Mme Psaki.

Longuement ovationné, M. Clinton a dit mercredi croire en Obama «de tout coeur» et insisté sur les capacités du président sortant à redresser l'économie.

L'ancien président de 66 ans, toujours extrêmement populaire aux États-Unis, a une nouvelle fois montré ses immenses talents d'orateur, en faisant rire un public conquis d'avance, tout en lançant des charges assassines contre Mitt Romney et son colistier Paul Ryan.

Bill Clinton a notamment dénoncé «la pagaille totale» laissée à Barack Obama par les républicains il y a quatre ans, désordre qu'«aucun homme n'aurait pu résoudre».