Barack Obama a empêché la femme de Bill Clinton d'accéder à la Maison-Blanche en 2008 et n'a pas été tendre, à l'époque, avec l'ancien président. La pilule a été dure à avaler. Mais la hache de guerre est enterrée.

Bill Clinton a hier enlacé, sur scène à Charlotte, l'actuel occupant de la Maison-Blanche après l'avoir défendu bec et ongles.

Avec toute la fougue et la virtuosité qu'on lui connaît.

« Je souhaite la nomination d'un homme qui est cool à l'extérieur, mais qui, à l'intérieur, brûle pour l'Amérique », a-t-il lancé d'entrée de jeu. Barack Obama a été officiellement investi candidat démocrate à la présidence après l'allocution, soit peu après minuit.

Puis, sachant très bien que le talon d'Achille de Barack Obama est sa gestion de l'économie, il y a consacré une bonne partie de son allocution de 45 minutes. Il a fait l'éloge des politiques du président démocrate en la matière.

Barack Obama « a hérité d'une économie en état de profonde détérioration, il a mis un plancher sous ce qui s'était effondré, il a pris le long et dur chemin de la reprise et il a posé la fondation d'une économie plus moderne, mieux équilibrée, qui produira des millions de nouveaux emplois... », a dit celui qui a présidé un pays dont l'économie était florissante.

« Aucun président - ni moi, ni aucun de mes prédécesseurs - aurait pu, en quatre ans, réparer les dégâts auxquels il faisait face », a-t-il ajouté.

Un gâchis complet

« À Tampa, l'argument des républicains opposés à la réélection du président était très simple. C'était : nous lui avons laissé un gâchis complet, il n'a pas encore fini de tout nettoyer, alors congédiez-le et reprenez-nous! », a-t-il encore lancé.

Bill Clinton était en grande forme. Et ce Casanova de la politique ne pouvait pas demander mieux. Les militants démocrates étaient conquis. Ils buvaient ses mots et hurlaient leur approbation.

Des journalistes avaient rapporté une certaine nervosité dans le camp Obama ces derniers jours. Bill Clinton tardait à remettre aux organisateurs de la convention une copie de son discours. Ils n'avaient rien à craindre.

L'ancien président a pris la défense de Barack Obama avec autant de vigueur qu'il a dénoncé ses rivaux.

Il a fait l'éloge de ténors républicains de jadis et a lancé un appel à la coopération. Une priorité, a-t-il dit, pour Barack Obama.

Il a du même souffle critiqué « l'extrême-droite qui contrôle le parti (républicain) » actuellement, qui « semble détester notre président ».

Barack Obama est un tel adepte de la coopération « qu'il a nommé Hillary » secrétaire d'État, a fait remarquer Bill Clinton. Les spectateurs ont rigolé comme s'ils assistaient au spectacle d'un humoriste.

Comme un procureur

Bill Clinton a ensuite dépeint les républicains comme des politiciens qui « veulent retourner aux mêmes vieilles politiques qui sont à la source de nos problèmes ».

Il a pris une à une les critiques lancées par le tandem Mitt Romney-Paul Ryan et les a démontées tel un procureur qui balaie du revers de la main les arguments des avocats de la défense.

Il a entre autres mis l'accent sur une publicité qui accuse Barack Obama d'avoir « éviscéré » la réforme de l'aide sociale adoptée en 1992, de façon à décourager les bénéficiaires à trouver un emploi. « C'est tout simplement faux », a dit Bill Clinton, qui est l'architecte de cette réforme.

L'ancien président demeure une des personnalités politiques les plus populaires aux États-Unis. Particulièrement auprès de l'électorat qui résiste le plus aux charmes d'Obama : les électeurs blancs de la classe moyenne. Son discours, combiné à ceux de Barack et Michelle Obama, pourrait bien avoir un impact sur les intentions de vote.

En un ultime symbole de réconciliation, les deux hommes se sont brièvement enlacés hier, à la suite d'une apparition-surprise de Barack Obama sur scène.

La soirée d'hier à Charlotte mettait aussi en vedette Elizabeth Warren, coqueluche des libéraux et candidate du Massachusetts au Sénat américain.

On avait en outre réservé une place de choix à Sandra Fluke, traitée de prostituée par Rush Limbaugh en raison de sa position sur la contraception.

Trois employés d'entreprises ayant appartenu à la société d'investissement de Mitt Romney, Bain Capital, ont aussi prononcé des discours. Ils en avaient gros sur le coeur contre le candidat républicain.

L'un d'eux, Randy Johnson, a perdu son emploi en 1994, « Mitt Romney a déjà dit qu'il aimait congédier les gens, a-t-il lancé. Je peux vous en parler, car j'en ai fait l'expérience. Il aime ça! »