Chuck Sweetman est sur le point d'acheter plusieurs macarons aux couleurs de Barack Obama lorsqu'on lui demande s'il veut répondre à nos questions. Il se retourne. On remarque qu'il en a déjà une demi-douzaine sur la poitrine.

Sur l'un d'eux, Barack Obama est déguisé en Jedi. On y lit: «2012, le retour d'Obama.» Chuck Sweetman parle presque, d'ailleurs, du président américain comme d'un guerrier qui lutte contre les forces du mal.

«Les républicains voudraient qu'on retourne en arrière. On ne peut pas retourner en arrière. On ne peut absolument pas», lance ce commissaire d'école à la retraite en levant le ton, dans un élan passionné. Comme s'il briguait lui-même la présidence.

«Tout le monde sait qu'il a hérité d'une situation difficile. Et tout le monde sait que nous remontons la pente. Ça ne va peut-être pas aussi vite qu'on le voudrait, mais on remonte», ajoute-t-il, tout à coup plus serein.

C'est essentiellement, dit ce délégué du Vermont, ce que Barack Obama doit souligner dans son discours demain soir à la convention démocrate. La recette à suivre s'il veut pouvoir convaincre les Américains de lui donner quatre ans de plus à la Maison-Blanche.

De petites abeilles

Diana Nazelli, déléguée de l'Ohio (État-clé), pense la même chose. «Quand Obama a pris le pouvoir, l'économie détruisait les emplois au rythme de 800 000 par mois! Il doit dire qu'il a fait cesser l'hémorragie», suggère-t-elle.

Elle a décoré son chapeau de paille de petites abeilles. «C'est pour montrer que je vais aller sur le terrain et travailler comme une abeille pour sa réélection», explique-t-elle.

Jose Paiz, démocrate qui habite un autre État-clé, la Virginie, est un peu plus inquiet. Il estime que Barack Obama doit expliquer qu'il n'a pas pu accomplir autant de choses qu'il l'aurait voulu parce que les républicains contrôlent la Chambre des représentants au Congrès américain.

«Ce n'est pas un secret, mais je ne suis pas sûr que ce message passe auprès du grand public. Ça me préoccupe», confie ce démocrate, qui a pris une semaine de congé pour participer à la convention.

David Mosby non plus ne veut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Peut-être parce que cet Afro-Américain habite le Tennessee et que Barack Obama n'a aucune chance de triompher dans son État. Son conseil au président? «Il doit dire au public que ce que les républicains affirment n'est pas la vérité. Il doit mettre au jour leurs mensonges», affirme-t-il.

Chose certaine, le discours de Barack Obama sera crucial, résume Martin Luther King III, fils aîné du célèbre défenseur des droits civiques des Noirs. «Les enjeux sont beaucoup plus importants que dans le cas d'un discours normal, martèle-t-il. Il y a vraiment beaucoup de gens qui vont l'écouter. Et je suis sûr que ce sera un discours remarquable.»