Les démocrates américains ont d'emblée attaqué le candidat républicain Mitt Romney mardi, première journée de leur convention nationale à Charlotte, avant le discours très attendu de la Première dame Michelle Obama.

Accès à la contraception, défense de l'accès des femmes à l'avortement, soutien aux soldats en Afghanistan, réforme de l'assurance-maladie, justice fiscale: le parti de Barack Obama a soigneusement choisi ses intervenants -- gouverneurs, élus, candidats et Américains ordinaires -- pour présenter une image positive du président, et très négative de son adversaire.

Mais c'est un revenant qui a sans doute fait le plus d'effet aux 6000 délégués réunis dans le Time Warner Cable Arena de la grande ville de Caroline du Nord plein à craquer: Ted Kennedy, à qui un hommage vibrant a été rendu.

Décédé en 2009, six mois après l'arrivée de M. Obama à la Maison-Blanche, le «vieux lion» du Sénat avait aisément triomphé en 1994 de M. Romney, qui voulait à l'époque lui ravir son siège au Massachusetts. Une vidéo extraite d'un débat télévisé opposant à l'époque les deux hommes a ravi l'assistance.

On y voit un M. Romney aux tempes moins argentées se dire en faveur de l'avortement, alors qu'il a depuis adopté une position hostile aux interruptions volontaires de grossesse. Sur la vidéo d'archives, Kennedy ironise à son propos, laissant entendre que le républicain change aisément d'avis. «Si on lui laisse encore deux semaines, il pourrait même voter pour moi», lâche-t-il.

M. Romney a été raillé y compris dans son propre camp pour avoir changé d'avis sur l'avortement et signé au Massachusetts, lorsqu'il en était gouverneur de 2003 à 2007 une loi sur l'assurance maladie très similaire à celle que M. Obama a promulgué en 2010.

Deval Patrick, démocrate qui a succédé à M. Romney à la tête du Massachusetts, a ensuite fait un triomphe en affirmant que «Mitt Romney parle beaucoup de ce qu'il a remis sur pied. Je peux vous dire que le Massachusetts n'en fait pas partie».

Après ces salves, le clou de la soirée devait être l'intervention de Mme Obama, lors d'un discours centré sur le côté humain de son époux, qui briguera le 6 novembre un second mandat de quatre ans à la tête de la première puissance mondiale.

Elle devait être précédée sur scène par le jeune maire hispanique de San Antonio, au Texas, Julian Castro, symbole de la volonté des démocrates de promouvoir les minorités et de les séduire dans les urnes.

Si l'ancien président Bill Clinton sera la vedette de la soirée de mercredi, le point d'orgue de la convention interviendra jeudi soir, quand M. Obama prononcera son discours d'investiture dans un stade de 73 000 places, après son colistier, le vice-président Joe Biden.

M. Obama, qui n'est attendu que mercredi à Charlotte, a de son côté conclu mardi par la Virginie une tournée au pas de course qui l'a aussi fait passer par l'Iowa, le Colorado et l'Ohio, autant d'États-clés sur la carte électorale.

Il a estimé que M. Romney, sur l'économie, n'avait «pas proposé une seule idée nouvelle, seulement le recyclage des mêmes politiques dépassées qui ont fait tout retomber sur la classe moyenne depuis des années».

Dans une campagne âpre et serrée, les républicains se sont emparés mardi d'une déclaration du président à une chaîne de télévision. Interrogé sur la note qu'il se donnerait sur sa gestion de l'économie, il avait répondu: «Je dirais insuffisant», tout en défendant les investissements nécessaires à une croissance à long terme.

«Après quatre ans de présidence, c'est insuffisant? Le président demande aux gens d'être patients?», s'est interrogé le colistier du candidat républicain, Paul Ryan, alors que le chômage touche 8,3% de la population active aux États-Unis, contre 5% avant la récession de 2007-2009.

Pour bien enfoncer le clou, le Parti républicain a diffusé mardi une vidéo comparant M. Obama à Jimmy Carter, président démocrate battu en 1980 par Ronald Reagan après un seul mandat marqué par les conséquences des chocs pétroliers des années 1970.