Un peu plus de deux mois avant la présidentielle du 6 novembre, les sondages montrent une égalité quasi parfaite entre MM. Romney et Obama, ce dernier ayant vu fondre l'avantage qu'il détenait sur l'ancien gouverneur du Massachusetts il y a encore deux mois.

Le suspense reste donc entier dans une course à la Maison-Blanche acharnée entre Mitt Romney, fraîchement investi par les républicains, et le sortant Barack Obama qui va tenter cette semaine de convaincre les Américains encore indécis qu'il mérite un second mandat.

Reparti de Tampa avec l'investiture républicaine, M. Romney, selon la dernière livraison de la société Rasmussen samedi, est crédité de 47% des voix contre 44% à M. Obama. C'est la première fois que l'écart est aussi important en sa faveur.

Mais les résultats restent dans la marge d'erreur, et pourraient traduire le classique sursaut enregistré dans l'opinion après les conventions nationales, lors desquelles les candidats bénéficient d'une couverture médiatique importante et peuvent prononcer leurs discours sans contradicteurs.

Les démocrates vont à leur tour essayer de capter la lumière des projecteurs lors de leur grand rendez-vous de Charlotte (Caroline du Nord) à partir de mardi, où sera déclinée l'idée-force de la campagne de M. Obama: la défense de la classe moyenne et la mise en valeur des points les plus flatteurs de son bilan.

C'est ce bilan que M. Romney tente de discréditer aux yeux des électeurs, en particulier sa gestion économique, un argument qui a des chances de faire mouche dans un pays où le chômage stagne à 8,3%.

«Chaque président depuis la grande dépression (des années 1930) demandant aux Américains un second mandat a pu regarder quatre années en arrière et dire avec satisfaction: vous vous en sortez mieux qu'il y a quatre ans. Sauf Jimmy Carter (démocrate battu en 1980 après un seul mandat, NDLR), et sauf ce président», a lancé jeudi soir à Tampa M. Romney.

«Des batailles du siècle dernier»

Le républicain martèle ce message sur les ondes, grâce à la force de frappe que lui confère un trésor de campagne bien mieux garni que celui des démocrates.

M. Obama, qui fait valoir qu'il a hérité d'une économie en chute libre et de comptes publics plombés par la gestion de son prédécesseur républicain George W. Bush, accuse M. Romney, un ex-entrepreneur multimillionnaire, de défendre un cocktail de réductions d'impôts pour les plus riches et de grignotage d'acquis sociaux remontant aux années 1930.

«Ils veulent relancer des batailles que nous pensions achevées depuis le siècle dernier», a raillé le président américain à l'université du Colorado à Boulder, dimanche.

Une critique que le président applique du reste aussi à des thèmes sociaux: «En novembre, certains vous diront qu'il faut se demander si on peut faire confiance aux femmes pour s'occuper de leur propre santé. Je pense que c'est le cas», a-t-il ainsi lancé, dans une allusion au récurrent débat sur le droit à l'avortement.

Alors que l'électorat semble déjà très polarisé et que la consultation se jouera vraisemblablement chez les 5 à 10% d'indécis selon les sondages, les chiffres mensuels du chômage publiés vendredi, au lendemain du discours d'investiture de M. Obama à Charlotte, risquent de peser lourd dans la balance.

Au-delà de l'économie, le président sortant, qui comme son adversaire parcourt de long en large les États susceptibles de faire pencher la balance en sa faveur, peut encore compter sur des fondamentaux solides.

Il bénéficie d'un net soutien au sein des minorités, notamment hispaniques. Les positions strictes des républicains sur les questions de société, comme l'avortement, risquent de leur coûter cher au sein de l'électorat féminin; et la cote de popularité personnelle du candidat républicain peine à décoller.

Après la convention démocrate de Charlotte s'engagera la dernière ligne droite de la campagne, ponctuée de trois débats télévisés, les 3, 16 et 22 octobre.