Dans une convention républicaine où les poids lourds de l'administration de George W. Bush brillent par leur absence, l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice fait figure d'exception, pour sa «popularité personnelle» et parce qu'elle incarne une «diversité» bienvenue.

Mme Rice, qui devait prendre la parole mercredi soir à la convention de Tampa, en Floride, doit en partie sa présence au fait «qu'elle s'est entièrement consacrée à la politique étrangère et que les gens ne l'associent pas à la politique économique de l'administration Bush», explique à l'AFP Matthew Wilson, expert en politique à la Southern Methodist University.

«Elle jouit d'une popularité personnelle que n'ont pas les autres collaborateurs de Bush, et même si elle est intimement liée à la guerre en Irak, elle semble avoir une sorte de bouclier contre les critiques», ajoute Kyle Kondik, du Centre d'études politiques de l'Université de Virginie.

Mme Rice présente en outre deux atouts majeurs pour les républicains.

«L'un des objectifs de la convention républicaine est de donner une image de diversité et Condoleezza Rice, en tant que femme remarquable, afro-américaine et républicaine, peut aider sur ce plan-là», explique M. Wilson.

Mitt Romney est en effet à la peine avec les électrices américaines et les Afro-Américains, qui lui préfèrent très largement Barack Obama.

D'autre part, l'ancienne secrétaire d'Etat vient à la rescousse du ticket républicain dans un domaine où ils n'ont aucune expérience.

«Ni Mitt Romney ni (son colistier) Paul Ryan n'ont la moindre expérience en matière de politique étrangère», déclare à l'AFP M. Kondik.

«Et beaucoup de figures importantes du parti sont des gouverneurs (d'Etats) et n'ont, par définition, aucune expérience dans ce domaine. Condi Rice est la personne qui peut couvrir ce sujet», ajoute-t-il.

Bush très impopulaire

Pour le reste, la convention de Tampa semble avoir voulu tenir à bonne distance les anciens collaborateurs de George W. Bush, le plus impopulaire des anciens présidents américains encore vivants, avec une cote de popularité largement sous les 50%.

L'ancien président avait lui-même pris les devants en «déclinant respectueusement» l'invitation à la convention républicaine, comme il l'avait déjà fait en 2008, lors de l'investiture de John McCain.

Dans une interview au Hoover Institute en juillet, il avait affirmé soutenir Mitt Romney, qui portera les couleurs républicaines à la présidentielle du 6 novembre face au président Barack Obama, et formulé ce que beaucoup d'analystes politiques soupçonnaient: Mitt Romney «se débrouille très bien sans moi».

«Il y a comme une décision délibérée de ne pas vraiment s'associer à l'administration Bush», explique M. Kondik.

La raison principale, selon les analystes, est que l'angle d'attaque de Mitt Romney sur la politique économique de Barack Obama perdrait de son poids en mettant sur le devant de la scène des membres de l'administration Bush -- jugée par beaucoup de républicains follement dépensière.

«Je pense que l'une des armes principales de Romney est de dire qu'Obama ne veut pas assumer la responsabilité de la situation économique actuelle», explique à l'AFP Timothy Groseclose, professeur de sciences politiques à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

«Ce que répondra Obama, c'est que la faute revient à George W. Bush», estime-t-il. Selon lui, «Romney aimerait dire: "OK, mais vous n'avez toujours rien fait pour arranger les choses". Avec Bush dans la campagne, cela complique le message. Je suspecte Romney d'être très content que l'entourage de Bush soit maintenu à l'écart».