Barack Obama a comparé mercredi la campagne présidentielle à un match de basketball, avec une équipe adverse qui fait «un peu dans le brutal» mais où la victoire est à portée de main, lors d'une soirée de levée de fonds avec le joueur légendaire de la NBA Michael Jordan.

«Je ne peux pas résister à une métaphore sur le basket», a affirmé le président des États-Unis face à 120 personnes, dont de grands noms du basket professionnel américain, qui avaient chacune déboursé 20 000$ pour participer à un dîner avec lui et Jordan au Lincoln Center de New York.

«Nous sommes dans le quatrième quart-temps. Nous dominons de quelques points mais les autres reviennent fort, et ils font un peu dans le brutal. Certains de nos équipiers ont été avertis. Certains sont blessés et ne pourront plus jouer qu'un match», a plaisanté M. Obama, candidat à sa réélection le 6 novembre face au républicain Mitt Romney.

«À mon avis, il nous reste sept minutes à jouer. Et la soif de vaincre de Michael est légendaire. Personne ne sait mieux que Michael que si vous avez une petite avance et qu'il ne reste plus que sept minutes à jouer, c'est là qu'il faut se débarrasser» de l'équipe adverse, a ajouté le président.

M. Obama, selon les derniers sondages, conserve une légère avance sur M. Romney. À 76 jours de l'élection, il reste toutefois à la merci d'une économie chancelante.

Il est «rare que je participe à un événement dans lequel je ne suis que la cinquième ou sixième personne la plus intéressante», a souligné M. Obama, grand amateur de basket, face à la star des Knicks de New York Carmelo Anthony, l'ex-pivot de la même équipe Patrick Ewing ou l'ancien joueur du Heat de Miami Alonzo Mourning.

Cette soirée devait faire rentrer au moins trois millions de dollars dans le trésor de campagne de M. Obama, qui a peiné à soutenir la comparaison ces trois derniers mois avec les sommes récupérées par M. Romney.

Outre le dîner, le Lincoln Center hébergeait ainsi une séance d'autographes à 250$ (400 billets vendus) et une séance d'entraînement de basket à 5000$, qui a trouvé 100 preneurs.

Le président et Michael Jordan n'étaient présents qu'au dîner mais devaient tirer quelques paniers en fin de soirée, a précisé un responsable du comité de campagne démocrate sous couvert de l'anonymat. Cette occasion était toutefois fermée à la presse.

Misant sur la popularité de Michael Jordan, l'équipe électorale du président américain avait aussi organisé une loterie pour deux places au dîner, contre une donation minimum de trois dollars. Elle n'a pas communiqué sur les recettes de ce tirage au sort.

En mai, la mise en jeu d'un repas en compagnie du président chez George Clooney à Hollywood avait permis de récupérer neuf millions de dollars.

Aujourd'hui âgé de 49 ans, Michael Jordan, qui a pris sa retraite professionnelle en 2003, est considéré comme le meilleur basketteur de l'histoire, avec six titres de champion NBA avec les Bulls de Chicago -- le fief politique de M. Obama --, cinq trophées de meilleur joueur de la ligue et deux médailles d'or aux Jeux olympiques, en 1984 et 1992.

Il est très rare que Jordan mette sa popularité au service d'une cause: le sportif est même resté célèbre pour une phrase controversée prononcée au début des années 1990, quand il avait refusé de soutenir publiquement un candidat démocrate noir face au sénateur de Caroline du Nord à l'époque, Jesse Helms, un adversaire déclaré des droits civiques.

«Les républicains achètent eux aussi des chaussures», avait alors dit Jordan, qui est depuis le début de sa carrière en 1984 sous contrat avec l'équipementier Nike, dont les retombées commerciales se chiffrent en milliards de dollars.

M. Obama, grand admirateur autoproclamé de l'ancien basketteur, son cadet de deux ans, a toutefois récemment affirmé avoir reçu dès 2004 un chèque de Michael Jordan pour financer sa campagne de sénateur. «Je ne savais pas si je devais l'encaisser ou l'encadrer», a-t-il plaisanté.