À l'approche des conventions démocrate et républicaine, Barack Obama et Mitt Romney cherchent à raviver la flamme de leurs fidèles tout en séduisant la frange d'électeurs indécis, ces citoyens qui éprouvent des doutes vis-à-vis du président en exercice, mais ne sont pas convaincus par son rival républicain.

Depuis une semaine, un débat musclé s'est engagé sur le programme de santé publique destiné aux personnes âgées, Medicare, reléguant temporairement l'économie et l'emploi au second plan. Romney a accusé Obama de mener une campagne basée sur la haine. Ce dernier a réitéré ses attaques contre les déclarations d'impôts de Mitt Romney. Et la question des dépenses publiques est revenue sur le tapis.

Autant de sujets visant les indécis comme les électeurs convaincus, que les Républicains retrouveront lors de leur convention à Tampa du 27 au 30 août, une semaine avant les Démocrates qui se réuniront à Charlotte du 4 au 6 septembre.

Le choix de Mitt Romney de prendre comme colistier le très droitier représentant du Wisconsin Paul Ryan a réveillé la motivation de ses partisans, au delà de leur profonde antipathie vis-à-vis de Barack Obama.

Accusant son adversaire de vouloir diviser le pays, Mitt Romney a flatté l'aversion des Républicains pour le président en exercice et essayé d'attaquer l'un des points forts d'Obama, sa popularité même parmi les électeurs qui réprouvent sa politique ou doutent de sa réussite en tant que président.

Romney a ainsi enjoint Obama à «ramener (sa) campagne de division, de colère et de haine à Chicago». Des accusations que le clan Obama a jugées «démentielles».

Barack Obama ne s'est en tout cas pas privé de qualifier Paul Ryan d'incarnation d'une politique budgétaire insensée, qui ne bénéficierait qu'aux riches au détriment de la sacro-sainte classe moyenne. Son équipe a également mis au défi Mitt Romney de prouver son affirmation selon laquelle il n'a pas consacré moins de 13% de ses revenus aux impôts sur une période de dix ans.

«Ils vous demandent de payer davantage d'impôts non pas pour réduire le déficit, augmenter le nombre d'emplois ou investir dans l'éducation, mais pour offrir 250 000 dollars de réduction d'impôts à ceux qui gagnent 3 millions de dollars par an ou plus», a dénoncé Barack Obama.

Les conseillers de Romney pensent que les appels répétés pour une implication moins forte de l'Etat fédéral touchent les électeurs indépendants, en particulier les femmes indécises vivant dans les zones résidentielles. Les républicains ont martelé ce thème en 2010 pour reconquérir la Chambre des représentants. Entre 2008 et 2010, le point de vue des électeurs indépendants sur la question a beaucoup bougé, selon les sondages. En 2008, 43% d'entre eux pensaient que le gouvernement devait faire plus, contre 49% pensant le contraire. En 2010, ces chiffres étaient passés respectivement à 28% et 65%.

Mais cette stratégie comporte des risques, avouent des conseillers républicains. Les électeurs indécis sont favorables à une discipline budgétaire accrue lorsqu'elle est liée à la croissance économique, mais ils la rejettent lorsqu'elle signifie l'austérité.

Les indécis représentent environ 6 pour cent de l'électorat, selon des sondages récents. Environ 19% des électeurs déclaraient pouvoir changer d'avis, selon un sondage Washington Post/ABC News datant du mois dernier. Des chiffres à comparer avec les 10 pour cent d'indécis et les 25 pour cent d'électeurs déclarant pouvoir changer d'avis à la même époque en 2008.

Selon le sondeur pro-Romney Neil Newhouse, le nombre d'indécis est souvent plus important dans une élection sans candidat sortant, comme en 2008. Là, le défi de les convaincre revient au seul candidat républicain, affirme-t-il. «Les électeurs ont un avis clair concernant Barack Obama. Ils sont indécis quant à Mitt Romney», résume-t-il.

Les sondages montrent en tout cas que les républicains sont davantage motivés par l'élection de novembre que les démocrates. Obama doit donc trouver un moyen de susciter une motivation égale dans son camp. «L'un des défis est que la base républicaine semble plus motivée que la base démocrate. C'est un gros défi pour le président», reconnaît Doug Hattaway, stratège démocrate et conseiller d'Hillary Clinton lors des primaires de 2008.

Au quartier général de Romney à Boston, le choix de Paul Ryan comme colistier a été clairement conçu pour mobiliser les conservateurs dubitatifs quant à l'ancrage idéologique de Romney, faire passer un message fiscal aux indécis et améliorer globalement l'image de Romney.

«Ils s'adressent à leur base, mais l'enjeu de cette élection est de convaincre la classe moyenne, les travailleurs», avertit le sondeur pro-Obama Joel Benenson.