Barack Obama est passé à l'offensive contre les républicains vendredi pendant une tournée électorale en Virginie (est), État-clé aux portes du «Vieux Sud» conservateur, mais dont l'évolution démographique pourrait comme en 2008 jouer en sa faveur.

Le président américain, candidat à un nouveau mandat de quatre ans le 6 novembre, a de nouveau appelé le Congrès, en partie dominé par ses adversaires, à laisser expirer les allègements d'impôts consentis aux plus aisés par son prédécesseur George W. Bush, mais à prolonger ceux dont bénéficient les contribuables gagnant moins de 250 000 dollars par an.

Face à 1400 personnes à Virginia Beach sur la côte Atlantique, 1300 dans la ville voisine de Hampton et plus de 3000 à Roanoke au pied des Appalaches, il en a profité pour égratigner les républicains du Congrès.

«Il faut empêcher cette hausse d'impôts de se produire. Mais les républicains du Congrès refusent d'agir. Ils ont refusé de vous laisser vos allègements d'impôts, à vous et 98% d'Américains, sauf si nous dépensions encore 1000 milliards de dollars pour les 2% qui gagnent le plus», s'est indigné le président.

«Et, gardez bien à l'esprit que c'est la même Chambre des représentants que celle qui a voté 33 fois pour abroger la réforme de l'assurance-maladie», a remarqué M. Obama, faisant huer ses adversaires.

Le président devait conclure sa tournée samedi dans les zones résidentielles de Virginie, près de Richmond et de Washington.

«Fausses, trompeuses et malhonnêtes»

Lors de ses trois discours vendredi, M. Obama s'est gardé d'évoquer la controverse qui fait rage sur le rôle joué par son adversaire Mitt Romney dans sa société d'investissement Bain Capital entre 1999 et 2002, quand elle a été liée à des suppressions d'emplois.

M. Romney a encore assuré vendredi qu'il n'avait pas géré son entreprise à cette période, contrairement à ce qu'a affirmé le journal Boston Globe, documents officiels à l'appui, et a exigé de M. Obama qu'il présente des excuses au nom de son équipe qui a saisi ce dossier au bond. Selon lui, elle diffuse des informations «fausses, trompeuses et malhonnêtes».

Mais le président, dans un entretien télévisé enregistré depuis la Virginie, était auparavant intervenu pour la première fois sur ce sujet en estimant que M. Romney devrait s'expliquer, et assuré qu'il s'agissait «d'un aspect légitime de la campagne».

Autrefois très conservatrice - Richmond fut la capitale sudiste pendant la Guerre de Sécession - la Virginie est devenue plus sensible aux idées démocrates, en particulier avec le développement des banlieues au sud et à l'ouest de la capitale fédérale.

L'État compte aujourd'hui presque 30% d'habitants issus des minorités. Les Hispaniques, qui avaient voté aux deux tiers pour M. Obama il y a quatre ans, ont vu leur proportion quasiment doubler entre 2000 et 2010.

M. Obama avait remporté la Virginie, une première pour un candidat démocrate à la Maison Blanche depuis Lyndon Johnson en 1964, contribuant à sa nette victoire. «Si je gagne en Virginie, je vais obtenir quatre ans de plus» au pouvoir, a affirmé M. Obama à Roanoke.

À moins de quatre mois de la présidentielle, selon une compilation de sondages du site spécialisé RealClearPolitics, 47,5% des électeurs virginiens se prononceraient pour le président sortant et 44,5% en faveur de son adversaire Mitt Romney.

Mais ces chiffres restent dans la marge d'erreur, et M. Obama décline son message de défense des classes moyennes en Virginie comme il l'a déjà fait ces dernières semaines dans d'autres États décisifs tels l'Ohio (nord), la Pennsylvanie (est) et l'Iowa (centre). Il est attendu la semaine prochaine à nouveau dans l'Ohio et en Floride (sud-est).

Le taux de chômage, vu comme une vulnérabilité pour M. Obama au plan national avec 8,2% de la population active, n'est que de 5,6% en Virginie, siège de nombreuses industries de services et d'armement.