S'il faut se fier à quelques-unes de ses plus récentes publicités, Barack Obama aimerait bien réserver à Mitt Romney le sort que les alliés de George W. Bush ont infligé à John Kerry en 2004: retourner contre le candidat adverse son principal argument électoral.

«Je m'appelle John Kerry et je suis prêt à servir», avait déclaré le sénateur du Massachusetts en exécutant le salut militaire avant d'entamer son discours d'investiture, lors de la convention démocrate à Boston, le 29 juillet 2004.

Entouré d'anciens compagnons d'armes, le candidat démocrate annonçait ainsi son intention de mettre en avant ses années de service au Vietnam, histoire de convaincre l'électorat de sa capacité d'assumer le rôle de commandant en chef en pleine «guerre au terrorisme».

Réunis au sein d'un groupe appelé Swift Boat Veterans for Truth et financés par de riches supporteurs de George W. Bush, des vétérans du Vietnam avaient eu tôt fait de lancer une redoutable campagne de dénigrement des faits d'armes d'un John Kerry complètement désarçonné.

Huit ans plus tard, Barack Obama et ses alliés démocrates n'ont pas attendu la convention républicaine à Tampa pour s'attaquer au passé d'entrepreneur de Mitt Romney, sur lequel ce dernier mise pour se poser en sauveur de l'économie américaine.

Depuis la semaine dernière, l'équipe électorale du président a diffusé dans plusieurs États clés deux publicités critiquant le bilan du candidat républicain à la tête de Bain Capital, le fonds d'investissement que celui-ci a fondé en 1994 et quitté en 1999. Dans ces messages, d'anciens employés d'entreprises rachetées par la société de Boston traitent Romney de «destructeur d'emplois», de «vampire» et de «contraire de Robin des Bois», entre autres.

Selon l'une de ces pubs, Bain Capital et ses investisseurs ont retiré 100 millions de dollars d'une opération qui a occasionné le licenciement de 250 travailleurs d'une entreprise (SCM) et la mise en faillite d'une autre (Ampad).

Mitt Romney, comme il fallait s'y attendre, a dénoncé les publicités de Barack Obama, en les assimilant à une «attaque contre la libre entreprise». Même des démocrates proches des milieux financiers ont exprimé leur malaise devant la stratégie du président. Le maire de Newark, Cory Booker, a notamment retenu l'attention en affirmant que la campagne du président contre Bain Capital lui donnait la «nausée».

Barack Obama a défendu sa stratégie au début de la semaine.

«La raison pour laquelle [ces arguments] sont valides pour la campagne est que mon adversaire, le gouverneur Romney, vante son expérience dans les affaires comme son principal atout pour devenir président», a déclaré le président en conférence de presse à Chicago.

«Si votre principal argument pour faire croître l'économie est que vous saviez comment faire faire beaucoup d'argent aux investisseurs, vous ne comprenez pas ce dont il s'agit dans ce poste. Mon métier est de prendre en compte tout le monde, pas seulement certaines personnes. Mon métier est de faire en sorte qu'une entreprise prospère, non seulement maintenant, mais dans 10 ou 20 ans», a-t-il ajouté.

46%

La course à la Maison-Blanche est serrée entre Barack Obama et Mitt Romney, selon trois sondages nationaux publiés au cours des 48 dernières heures. Le baromètre de Gallup accordait hier aux deux candidats 46% des intentions de vote. Dans celui de NBC News/Wall Street Journal, le président récolte 47% des intentions de vote contre 43% pour son rival. Les résultats d'un sondage ABC News/Washington Post sont semblables: 49% pour Obama contre 46% pour Romney.

6%

Le taux de chômage aux États-Unis aura chuté à 6% à la fin du premier mandat présidentiel de Mitt Romney, si ce dernier est élu. L'ancien gouverneur du Massachusetts a formulé cette promesse lors d'une interview accordée à l'hebdomadaire Time et publiée hier. En mai dernier, il avait déclaré que tout taux de chômage supérieur à 4% ne méritait pas qu'on se réjouisse. Le taux de chômage a baissé à 8,1% en avril aux États-Unis.