Mitt Romney, probable opposant de Barack Obama à la présidentielle de novembre, a prononcé samedi un grand discours à la Liberty University, un bastion des chrétiens évangéliques qu'il courtise, trois jours après la prise de position du président en faveur du mariage gai.

Dans un stade plein à craquer, devant plus de 20 000 personnes et environ 6000 jeunes diplômés, le mormon Mitt Romney a suivi les traces d'autres candidats républicains, comme Ronald Reagan ou George Bush père, qui avaient eux aussi pris la parole dans cette université de Virginie (est) fondée par le pasteur télévangéliste Jerry Falwell, mort en 2007.

Quelques heures après la partie de basket de Barack Obama avec George Clooney à Los Angeles après une réunion de levée de fonds et trois jours après ses déclarations en faveur du mariage homosexuel, le discours solennel de M. Romney dans la plus grande université chrétienne du pays semblait destiné à lui faire prendre le contre-pied du président.

Très applaudi, M. Romney a défendu les valeurs chrétiennes: «Les traditions judéo-chrétiennes sont au coeur du leadership mondial des États-Unis».

«Les valeurs américaines favorisent la responsabilité personnelle, la dignité de travail, la valeur de l'éducation, le mérite du service, l'altruisme, et à la base, l'importance de la famille», a ajouté le candidat républicain.

Par ailleurs, M. Romney a répété son opposition au mariage homosexuel. «Le mariage est une relation entre un homme et une femme», a-t-il déclaré, suscitant sans surprise une énorme ovation du public.

Appel du pied aux évangéliques

Pour Mitt Romney, l'occasion était idéale pour faire un appel du pied aux électeurs évangéliques dont le vote est crucial en Virginie pour l'élection du 6 novembre. M. Romney espère reconquérir cet État, théâtre d'une victoire historique de Barack Obama en 2008.

Interrogée par l'AFP, Stewart, une jeune diplômée qui n'a donné que son prénom a jugé le discours du républicain «bon». «Mais il aurait dû parler du Christ. Sans le Christ on ne peut avoir une compréhension correcte de beaucoup de choses», a-t-elle regretté. À la question de savoir si elle soutiendrait M. Romney en novembre elle a répondu: «peut-être».

Une autre étudiante, Lindsay Burnett, a apprécié le discours: «Je pense qu'il a aimé l'atmosphère ici (...) et qu'il a respecté notre université».

Peu avant le discours, Mark DeMoss, un ancien élève de l'université et proche de la famille Falwell, aujourd'hui conseiller de M. Romney, avait fait le trait d'union entre l'établissement chrétien et l'ancien gouverneur du Massachusetts. La venue du candidat mormon avait dans un premier temps déclenché des critiques de la part de membres de la communauté évangélique.

«J'ai confiance en ses valeurs, car je suis convaincu qu'elles reflètent les miennes», a lancé M. DeMoss.

Et si Mitt Romney n'a pas reçu le soutien formel de l'université, Jerry Falwell Jr, son actuel président, a toutefois présenté le candidat au micro comme le «prochain président des États-Unis».

M. Romney a aussi parlé économie aux jeunes diplômés qui s'apprêtent à rejoindre un marché du travail plombé par un taux de chômage de 8,1%. «Si nous prenons le bon chemin, nous connaîtrons une résurgence de l'économie américaine qui surprendra le monde, et qui ouvrira de nouvelles portes et opportunités pour ceux qui sont préparés comme vous l'êtes», a-t-il dit.

Seul petit incident, au cours de la cérémonie, un avion a survolé l'université avec une bannière critiquant la politique des républicains à l'égard de l'enseignement supérieur. «Je pense que cet avion est perdu», s'est amusé au micro M. Falwell.

Selon un sondage de Religious News Survey, M. Romney (68%) bénéficie d'une confortable avance sur M. Obama (19%) parmi les électeurs évangéliques blancs.