Mitt Romney connaît une excellente semaine. Mardi, il a balayé cinq États sur cinq, dont NewYork et la Pennsylvanie. Le lendemain, Newt Gingrich a signalé son intention de mettre fin à sa campagne et d'appuyer son principal rival mardi prochain. Cependant, l'ancien gouverneur du Massachusetts devra attendre encore un peu avant de revendiquer officiellement l'investiture républicaine. D'ici là, son recentrage politique a commencé. En voici trois manifestations.

L'IMMIGRATION

Au cours des primaires, Mitt Romney a fait campagne à la droite de ses adversaires sur l'immigration. Cette stratégie a probablement contribué à son retard important, voire fatal, sur Barack Obama auprès des électeurs d'origine latino-américaine.

Aussi Romney tente-t-il depuis quelques jours d'adoucir ses positions dans ce dossier. Il s'est notamment dit ouvert à une proposition du sénateur républicain de Floride Marco Rubio, candidat potentiel à la vice-présidence. Cette proposition légaliserait le statut de certains jeunes clandestins qui ont grandi aux États-Unis, sans toutefois leur accorder la citoyenneté.

«Nous devons convaincre les hispanophones de voter pour notre parti», a déclaré Romney à des donateurs.

Le prétendant républicain a également tenté de se distancier de deux conseillers qui ont joué un rôle clé dans l'adoption de la loi controversée de l'Arizona sur l'immigration. Une loi pour combattre l'immigration illégale que Romney a déjà qualifiée de «modèle».

LES FEMMES



«Et les plus vulnérables ont été frappées le plus fort - plus de 30% des mères célibataires se débattent dans la pauvreté.»

Mitt Romney a glissé cette phrase dans un discours récent, en adoptant un ton plus compatissant après plusieurs semaines passées à courtiser la droite dure du Parti républicain.

La phrase n'avait rien de spontané. Elle visait à aider l'ancien gouverneur du Massachusetts à combler son retard sur Barack Obama auprès d'un autre électorat important, les femmes. Plusieurs d'entre elles ont été rebutées par les efforts récents du Parti républicain pour restreindre l'accès à l'avortement et à la contraception.

Mitt Romney a également fait appel à sa femme pour refaire son image auprès des femmes. Ann Romney est notamment montée au front après qu'une stratège démocrate lui eut reproché sur CNN de n'avoir «jamais travaillé un jour dans sa vie».

Ann Romney a défendu avec vigueur son «choix» de rester à la maison pour élever ses cinq fils.

LE PORTE-PAROLE



La nomination de Richard Grenell comme porte-parole de Mitt Romney en matière de sécurité nationale est à la fois un exemple du recentrage du candidat et des risques associés à ce genre d'opération.

Grenell, qui a travaillé pendant sept ans comme directeur des communications de la mission des États-Unis à l'ONU, est ouvertement gai. Sa sélection par Mitt Romney envoie un message de tolérance qui tranche avec les dénonciations de l'homosexualité d'un Rick Santorum, par exemple.

Mais les conservateurs religieux ont déjà commencé à se plaindre du rôle de Grenell. «Si le choix du personnel est le reflet d'une politique, le message de Romney à la communauté pro-famille est: allez vous faire voir», a écrit Bryan Fischer, de l'American Family Association, sur Twitter.

La gauche a également critiqué Grenell pour des messages qu'il a diffusés sur Twitter. Certains de ces gazouillis ont été effacés depuis, dont celui-ci: «Hillary commence à ressembler à Madeline [sic] Albright.»