Après une interruption de trois semaines marquée par des attaques fratricides et un 20e débat télévisé, la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle du 6 novembre aux États-Unis reprend de plus belle avec des primaires au Michigan et en Arizona.

Il s'agit des premiers scrutins depuis les victoires inattendues de Rick Santorum au Minnesota, au Missouri et au Colorado, un tour du chapeau qui a relancé la campagne républicaine. Mitt Romney, le principal rival de l'ancien sénateur de Pennsylvanie, semble se diriger vers une victoire facile en Arizona, où il pourra notamment compter sur l'appui massif de ses coreligionnaires mormons.

Mais rien n'est encore acquis au Michigan, où l'ancien gouverneur du Massachusetts ne peut se permettre de perdre. Nous vous offrons une explication en trois temps.

Un fils du Michigan

Il est entendu que Mitt Romney n'a pas encore réussi à gagner la confiance des républicains les plus conservateurs. Ceux-ci cherchent toujours une solution de rechange acceptable, Rick Santorum étant l'«anti-Mitt» de l'heure après Newt Gingrich, Herman Cain et cie.

Mais le thème du favori dont les républicains ne veulent pas risque de devenir assourdissant si Romney ne réussit pas à gagner au Michigan. Après tout, le politicien républicain a vu le jour dans cet État il y a 64 ans. Qui plus est, son père, George, y a remporté deux mandats comme gouverneur après avoir dirigé American Motors, un des constructeurs automobiles de Detroit.

Il est difficile d'imaginer une défaite qui serait plus humiliante pour Romney.

Un élan pour le «super mardi»

À ce stade-ci de la campagne, il est également difficile d'imaginer une défaite qui tomberait plus mal pour Mitt Romney. Dans une semaine, pas moins de 11 États tiendront des primaires ou des caucus dans le cadre du «super mardi», la journée la plus chargée de la course à l'investiture républicaine où 420 délégués seront en jeu.

Or, comme plusieurs de ces États ne seront guère hospitaliers envers Romney - pensons à la Georgie, à l'Oklahoma et au Tennessee, entre autres -, ce dernier aura besoin d'un fort élan pour éviter d'être éclipsé non seulement par Rick Santorum mais également par Newt Gingrich, qui compte sur les États du sud pour relancer sa propre campagne.

Et cet élan, seule une victoire au Michigan peut le donner à Romney.

L'impact d'une longue course

Soyons clairs: une défaite au Michigan ne serait pas nécessairement fatale à Mitt Romney, qui continuerait à devancer ses rivaux dans au moins deux domaines importants, l'argent et l'organisation. Mais cette défaite aurait pour effet de prolonger une course à l'investiture dont l'impact sur l'opinion publique commence déjà à inquiéter de nombreux bonzes républicains.

En continuant à s'attaquer les uns les autres pour savoir lequel d'entre eux est le plus conservateur sur l'avortement, la contraception et l'immigration, notamment, les Romney, Santorum, Gingrich et Ron Paul risquent de s'aliéner pour de bon les électeurs indépendants, dont le candidat républicain aura besoin à l'occasion de l'élection générale.

S'il perdait au Michigan, Romney devrait reporter à plus tard un éventuel repositionnement politique vers le centre. Le danger est évidemment que ce repositionnement survienne beaucoup trop tard.