Les deux principaux candidats républicains à l'élection présidentielle américaine Newt Gingrich et Mitt Romney ont sorti les couteaux jeudi soir en Floride, s'attaquant violemment sur l'immigration, leurs investissements respectifs, et même la conquête de la lune, au point d'en oublier presque de critiquer le président Obama.

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Lors du dernier débat télévisé avant l'élection primaire du 31 janvier, Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, a accusé Mitt Romney, d'être le candidat «le plus» anti-immigration, un sujet particulièrement sensible en Floride.

L'idée que je suis anti-immigration est «répugnante», a riposté l'ancien gouverneur du Massachusetts, rappelant que son père était né au Mexique et le père de sa femme au Pays de Galles.

«Je pense que vous devriez vous excuser», a-t-il ajouté, alors que M. Gingrich dénonçait des publicités télévisées de l'équipe Romney contre lui «également offensantes».

Les deux hommes se sont ensuite déchirés sur leurs investissements respectifs, en liaison avec Freddie Mac et Fannie Mae, les deux régies immobilières publiques renflouées par l'État fédéral lors de la crise de 2008.

«M. Gingrich a été payé par Freddie Mac pour faire sa promotion. Nous aurions préféré avoir quelqu'un qui appuie sur l'alarme plutôt que sur l'accélérateur», a dénoncé Mitt Romney.

Et alors que M. Gingrich l'attaquait pour avoir des investissements dans ces deux régies immobilières, M. Romney a embrayé: «Avez-vous vérifié vos investissements? Vous avez aussi des investissements dans Fannie Mae et Freddie Mac».

La tension était telle que le chrétien-conservateur Rick Santorum est intervenu, demandant que MM. Romney et Gingrich arrêtent leurs «mesquineries politiques» et se «concentrent sur les dossiers».

Mais rien ne semblait pouvoir calmer Mitt Romney et Newt Gingrich jeudi soir, qui se sont même affrontés sur la conquête de la lune, et sur Ronald Reagan, Newt Gingrich revendiquant d'être celui qui était «le plus proche de Ronald Reagan».

Alors que M. Gingrich confirmait vouloir une colonie permanente sur la lune s'il devenait président - l'espace est un autre sujet important en Floride - Mitt Romney a répliqué sèchement: «si j'avais un patron qui me disait vouloir dépenser quelques centaines de milliards pour implanter une colonie sur la lune, je lui dirais 'vous êtes virés'. C'est peut-être une grande idée mais ce n'est pas une bonne idée».

La tension illustrait la hauteur de l'enjeu qu'est la Floride pour les deux principaux candidats, d'autant que les sondages les donnent dans un mouchoir de poche.

M. Romney y recueille 37% des intentions de vote, contre 33% pour M. Gingrich, selon une moyenne des récents sondages publiée jeudi par le site Real Clear Politics.

M. Santorum et Ron Paul, les deux autres candidats qui n'ont pas les moyens financiers suffisants pour y faire vraiment campagne, sont loin derrière.

Avec ses 4 millions d'électeurs républicains (plus que le total de ceux ayant déjà voté dans l'Iowa, le New Hampshire, et la Caroline du Sud) et les 50 délégués qui tomberont tous dans l'escarcelle du gagnant, la Floride est un état particulièrement convoité.

Mitt Romney et Newt Gingrich y font une campagne impitoyable, s'y battant à coup de millions de dollars engloutis dans des publicités télévisées particulièrement brutales.

Et ils courtisent frénétiquement les différentes populations - latinos, personnes âgées et ultra-conservateurs du «tea party» notamment - nécessaires pour l'emporter.

À ce jour, chacun a une victoire dans les élections primaires, Mitt Romney dans le New Hampshire, Newt Gingrich en Caroline du Sud. Le chrétien-conservateur Rick Santorum a remporté l'Iowa.

Dès la fin du débat, MM. Romney et Gingrich avaient prévu de repartir pour la région de Miami, à la rencontre de l'électorat latino-américain.