La course républicaine à la Maison-Blanche tournait au duel fratricide lundi entre les deux hommes de tête Mitt Romney et Newt Gingrich à quelques heures d'un débat télévisé à Tampa en Floride, prochaine étape cruciale de la primaire.

M. Gingrich, revitalisé par une victoire écrasante samedi en Caroline du Sud, abordait avec confiance la semaine de campagne en Floride avant la primaire qui aura lieu le 31 janvier. Lundi matin, le candidat aux idées conservatrices a rejeté les accusations de «lobbying» proférées à son encontre par son rival plus modéré Mitt Romney reparti dans une croisade contre son principal adversaire. M. Gingrich a usé de son influence pour Freddie Mac, le géant du financement immobilier à l'origine de la crise de 2007-2008.

«Il parle de grandes idées et d'actions courageuses. Mais en réalité, qu'a-t-il fait ces quinze dernières années? Il a travaillé comme lobbyiste, vendant son influence à Washington», a lancé M. Romney dimanche soir en Floride.

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M. Gingrich a déjà été mis en cause durant la campagne pour avoir touché 1,6 million de dollars de Freddie Mac. L'intéressé avait assuré qu'il n'avait fait que facturer «des conseils stratégiques» à l'entreprise.

«Je n'ai jamais fait de lobbying. Point final», a-t-il rétorqué sur la chaîne ABC. «Romney n'arrête pas de parler de lobbying, car ses conseillers ont dû lui dire que cela permet de marquer des points. Ce n'est pas vrai. Il sait pertinemment que c'est faux».

Côté sondages, M. Gingrich gagnait du terrain lundi, prenant même l'avantage dans deux enquêtes d'opinion réalisées dimanche en Floride. Pour Rasmussen, M. Gingrich obtient 41% des intentions de vote contre 32% à M. Romney. Pour Insider Advantage, l'écart un peu est moindre: 34% pour M. Gingrich et 26% pour M. Romney.

Mitt Romney, pourtant mieux organisé et largement mieux pourvu financièrement, s'est montré sur la défensive dimanche en annonçant qu'il publierait sa feuille d'impôts mardi, cédant ainsi aux demandes de ses adversaires et du président Obama.

Le débat de Tampa prévu pour commencer à 21h (20h, heure de Montréal) sur la chaîne NBC s'annonce donc particulièrement houleux. Un autre débat aura lieu à Jacksonville jeudi et sera diffusé par la chaîne CNN.

Après de piètres prestations lors des débats précédents en Caroline du Sud, Mitt Romney aura à coeur de corriger le tir en Floride où un nouveau faux pas pourrait lui être fatal. De son côté, Newt Gingrich, redoutable débatteur, avait signé d'excellentes performances lors des confrontations précédentes.

Les deux autres candidats, le chrétien conservateur Rick Santorum et l'isolationniste Ron Paul, qui ont réalisé de bons scores lors des trois premiers scrutins de la primaire seront aussi de la partie.

M. Santorum, vainqueur des «caucus» (assemblées d'électeurs) de l'Iowa le 3 janvier, a renvoyé dos à dos les deux hommes de tête en expliquant sur la chaîne ABC qu'il s'agit d'un «choix entre un modéré et un conservateur instable».

De son côté, M. Paul, qui a terminé quatrième en Caroline du Sud, souhaite faire passer son «message» d'un État fédéral moins présent dans la vie des citoyens et d'une Amérique qui s'immisce moins dans les affaires du monde.

Dans ce contexte propice à de profondes divisions au sein de l'électorat républicain, le choix des électeurs de Floride sera donc déterminant le 31 janvier.

Plus de 220 000 électeurs républicains se sont déjà prononcés en Floride grâce à un système de vote anticipé. Sur les quelque 19 millions d'habitants que compte cet État, quatre millions sont affiliés au parti républicain.