Moins d'une semaine après avoir mis sur le compte de l'«envie» le débat sur les inégalités économiques aux États-Unis, Mitt Romney a probablement réussi mardi à élargir le cercle des jaloux.

Le fondateur multimillionnaire de la société d'investissement Bain Capital a d'abord affirmé que son taux d'imposition n'est «probablement» que de 15%, un pourcentage bien inférieur au taux appliqué à beaucoup d'Américains de la classe moyenne.

Il a ensuite reconnu recevoir de «temps en temps» des honoraires de conférencier, «mais pas beaucoup», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse en Caroline-du-Sud, où aura lieu samedi la prochaine primaire républicaine.

Ce «pas beaucoup» s'est élevé à 374 327 $ de février 2010 à février 2011, à raison de 41 592 $ en moyenne par conférence, selon des documents rendus publics l'an dernier par l'ancien gouverneur du Massachusetts.

Favori de la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012, Mitt Romney est passé aux aveux au lendemain d'un débat télévisé au cours duquel ses rivaux républicains lui ont demandé de rendre publiques ses déclarations d'impôts.

L'exemple de son père

Comme il l'avait fait la veille, le politicien de 64 ans a évoqué la possibilité de rendre publique en avril sa déclaration de revenus pour l'année 2011.

D'ici là, il pourrait très bien avoir confirmé son emprise sur l'investiture républicaine. D'où les critiques formulées par Newt Gingrich concernant ce calendrier.

«Je crois que nous avons le droit de savoir», a déclaré l'ancien président de la Chambre des représentants lors d'un point de presse en Caroline-du-Sud. «S'il n'y a rien à cacher, pourquoi de ne pas la rendre publique cette semaine?»

La page éditoriale du New York Times a également appelé Mitt Romney mardi à publier ses déclarations de revenus des dernières années, et non pas seulement celle de 2011.

«M. Romney peut aussi suivre l'exemple de son propre père, George. Il a rendu publiques ses déclarations de revenus sur 12 ans lors de sa campagne infructueuse pour l'investiture républicaine en 1968, poussant Richard Nixon à faire de même», a écrit le Times.

Offensive d'Obama

La fortune de Mitt Romney est évaluée à plus de 200 millions de dollars. Son taux d'imposition d'environ 15% découle du fait que les revenus d'investissement - l'essentiel de ses revenus au cours des 10 dernières années - sont moins lourdement imposés que les revenus de travail, un avantage qui est décrié autant par les militants d'Occupy Wall Street que par le milliardaire Warren Buffett.

La controverse autour des impôts de Mitt Romney ne risque pas de s'éteindre avec sa victoire dans la course à l'investiture républicaine. Barack Obama a déjà signalé son intention de faire campagne contre les inégalités économiques aux États-Unis, en proposant notamment aux plus fortunés de payer leur «juste part» d'impôts.

Tentant de désamorcer cette approche, l'ancien gouverneur du Massachusetts accuse le président démocrate de pratiquer la «politique de l'envie». Lors d'une entrevue sur NBC la semaine dernière, il a défendu ce point de vue en affirmant que le débat sur la répartition des richesses relevait de «l'envie» et de «la lutte des classes».

«C'est bien de parler de cela dans des salles tranquilles et dans des discussions sur la politique fiscale. Mais le président a fait de ce sujet un thème de sa campagne. Partout où il va, nous l'entendons parler de millionnaires et de milliardaires, de chefs d'entreprise et de Wall Street. C'est une approche inspirée de l'envie et je pense qu'elle échouera», a déclaré Mitt Romney.