La situation ne manque pas d'ironie: Mitt Romney est accusé par Newt Gingrich de parler français - vous avez bien lu - au même moment où il reproche à Barack Obama d'être trop... européen!

«Cette élection est un choix entre deux destins très différents: le président veut transformer l'Amérique en un État providence de style européen. Nous voulons faire en sorte de rester une terre de prospérité et d'occasions», a déclaré l'ancien gouverneur du Massachusetts mardi soir après sa victoire au New Hampshire.

«Le président s'inspire des capitales d'Europe. Nous nous inspirons des cités et des petites villes de l'Amérique», a ajouté le favori de la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012.

Le président démocrate se défendra sans doute de vouloir imposer un modèle étranger aux Américains. En attendant, Mitt Romney sait très bien qu'il peut marquer des points auprès d'un certain électorat en agitant l'épouvantail européen.

Mais il n'est pas le seul à pouvoir jouer ce jeu, comme vient de le démontrer l'équipe de campagne de Newt Gingrich. Celle-ci a diffusé sur le web jeudi une publicité intitulée «The French Connection» qui compare Mitt Romney à deux candidats présidentiels du Parti démocrate issus du Massachusetts, Michael Dukakis, adversaire malheureux de George Bush père en 1988, et John Kerry, qui s'est incliné devant George Bush fils en 2004.

«Mitt Romney, le modéré du Massachusetts, est prêt à dire n'importe quoi pour gagner. N'importe quoi. Et, tout comme John Kerry, il parle français», dit le narrateur de la publicité.

L'annonce prend fin sur un clip tiré d'une vidéo montrant Mitt Romney en train de s'adresser en français aux bénévoles francophones des Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City, dont il a été l'organisateur.

«Bonjour, je m'appelle Mitt Romney», dit le futur candidat à l'investiture républicaine, qui a appris le français au cours de deux années passées en France à titre de missionnaire mormon.

Le Parti républicain compte un certain nombre de francophobes, surtout depuis que le pays de Jacques Chirac a refusé de participer à la guerre d'Irak. Newt Gingrich ne devrait cependant pas être inclus dans ce groupe, ayant dans le passé exprimé une très grande admiration pour Charles de Gaulle.

L'ancien président de la Chambre des représentants a également vécu durant son adolescence à Orléans, où son père militaire était en poste.

Mais ne le dites pas aux électeurs de la Caroline-du- Sud, où aura lieu le 21 janvier la prochaine primaire républicaine.