Jon Huntsman, le plus modéré des candidats républicains à la présidentielle américaine, a décidé mardi de rester dans la course, ravi de sa troisième place à la primaire du New Hampshire qui, selon ses partisans, fait de lui l'alternative au vainqueur Mitt Romney.

«Nous avons gagné un ticket pour la course» s'est-il réjoui mardi soir, après ses 17% de voix (résultats partiels) dans cet Etat du nord-est où il jouait son va-tout à l'occasion des élections primaires. «Caroline du sud nous voilà!», a-t-il ajouté sous les applaudissements de ses partisans réunis dans un bar de Manchester.

«Ron Paul n'ira nulle part, Jon Huntsman est la seule alternative à Mitt Romney», exhultait Earl Rinker, un retraité, bénévole de campagne. Et que voulez-vous qu'Obama dise, si c'est son opposant? C'était son ambassadeur en Chine!»

«Il a fait, comme il l'avait dit, mieux qu'attendu», estimait aussi Blaine Fulmer, une jeune bénévole qui se préparait à partir dès mercredi en Caroline du sud, «pour aider la campagne» avant les nouvelles primaires dans cet Etat le 21 janvier. En soulignant qu'il fallait dès à présent recueillir «suffisamment de fonds».

M. Huntsman, 51 ans, ancien gouverneur mormon de l'Utah et ancien ambassadeur du président Barack Obama en Chine, père de sept enfants, a fait campagne sans relâche dans le New Hampshire, y organisant quelque 170 rencontres électorales.

Les sondages des derniers jours avaient montré une progression relativement spectaculaire, après des mois passés en dessous des radars.

M. Huntsman, qui arrive nettement devant l'ancien président de la chambre des Représentants, Newt Gingrich, et l'ultra-conservateur Rick Santorum, a cependant cédé la deuxième place à Ron Paul, un médecin texan, républicain atypique de 76 ans.

Mardi soir, il a redit la nécessité de rassembler les Américains et de «reconstruire la confiance», discours détonnant dans un parti républicain de plus en plus radicalisé.

«Les gens sont fatigués d'être divisés», a-t-il dit, alors que ses militants scandaient «le pays, d'abord»!

Sa femme Mary Kaye et trois de ses filles qui ont joué un rôle actif dans sa campagne, étaient à ses côtés mardi soir.

«J'ai aimé ce qu'ont dit ses filles, je me suis décidé hier soir», explique Kelly Carter Currier, professeur de mathématiques et électrice non encartée.

«Romney est trop plastique, trop parfait pour moi», ajoute-t-elle.

M. Huntsman, le benjamin de la course, affirme qu'il présente une vision très différente de l'Amérique. «Je représente une nouvelle génération énergique, que le pays attend», avait-il déclaré mardi matin, en comparant son bilan de gouverneur à celui de M. Romney.

Il a apparemment séduit les électeurs non encartés et plusieurs, mardi soir, lors de sa fête, confiaient s'être décidés lundi.

Richard Jackson, un policier, «démocrate mécontent», a également voté pour lui. «Je ne pouvais pas voter dans les primaires républicaines, j'ai donc voté dans les primaires démocrates, j'ai barré tous les noms et j'ai inscrit le sien».

La route de Jon Huntsman reste cependant pavée d'embûches, faute de financement et d'une solide organisation face à la machine Romney.

Et en Caroline du sud, un État conservateur du sud-est où la religion pèse lourd, il n'est qu'à 4% des intentions de vote.

Mardi matin, il avait pourtant voulu balayer les doutes sur sa capacité à survivre.

«Si vous faites mieux qu'attendu dans le New Hampshire, vous allez démarrer en Caroline du Sud et dans les États suivants. Ils vont voir pour la première fois que vous avez ce qu'ils appellent une éligibilité (...). Le financement, l'organisation, si nous réussissons dans le New Hampshire, tout cela suivra», avait-il ajouté.