Les rivaux de l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney l'ont étrillé lundi sur son passé d'homme d'affaires, dans un effort désespéré pour éviter sa victoire annoncée dans l'élection primaire républicaine du New Hampshire mardi.

L'ancien homme d'affaires y est crédité de 41 à 33 % des intentions de vote, en léger tassement dans les derniers sondages, mais loin devant ses cinq concurrents. La deuxième place semble très ouverte, entre notamment le libertarien Ron Paul et l'ancien ambassadeur du président Barack Obama en Chine, Jon Huntsman.

Depuis plusieurs jours, M. Romney est sur la sellette pour son rôle dans les années 80 et 90 à la tête du fonds d'investissement Bain Capital, spécialisé dans la restructuration d'entreprises. A l'époque il avait fait fortune.

Lundi, l'ancien président de la chambre des représentants Newt Gingrich, à la traîne dans les sondages, n'a pas mâché ses mots. «Apparemment, ils ont pillé les entreprises, laissé les employés au chômage et sont partis avec des millions de dollars», a-t-il dénoncé sur NBC.

Et un groupe de soutien de M. Gingrich a décidé de diffuser en Caroline du Sud, prochain État à voter, des spots télévisés dénonçant le rôle de «pillard prédateur d'entreprises» de M. Romney durant sa période à la tête de Bain.

M. Gingrich est particulièrement remonté contre M. Romney, depuis des spots électoraux très critiques à son égard, financés par des proches de l'ancien gouverneur du Massachusetts avant le caucus de l'Iowa où M. Gingrich n'a fait que 4e, avec 13% des votes.

«J'ai été dans les affaires, j'ai appris que parfois ça marche et parfois pas» a répondu lundi M. Romney face à ces attaques, lors d'une rencontre à la chambre de commerce de Nashua. «Et les succès rendent notre nation plus forte».

Le New Hampshire est le deuxième Etat à désigner son candidat républicain, après le «caucus» (assemblées électorales) de l'Iowa, qui a lancé le 3 janvier le processus de désignation, État par État, du candidat qui affrontera le M. Obama en novembre.

M. Romney a remporté d'un cheveu le scrutin de l'Iowa. Son investiture serait presque assurée s'il remportait le New Hampshire, et dans la foulée la primaire de Caroline du Sud le 21 janvier, où il est également donné favori. D'où l'agressivité de ses concurrents.

Le gouverneur du Texas Rick Perry et Jon Hunstman se sont aussi employés lundi à le critiquer.

M. Huntsman l'a épinglé, après une phrase malencontreuse de M. Romney, qui a affirmé qu'il «aimait pouvoir mettre les gens à la porte».  M. Romney parlait en fait de la possibilité de pouvoir renvoyer une entreprise de services qui ne fait pas l'affaire.

«Le gouverneur Romney aime mettre les gens à la porte, j'aime créer des emplois», a dit M. Huntsman.

Dans le New Hampshire, M. Romney est en tête avec 38,5% des intentions de vote, selon une moyenne de plusieurs sondages réalisée par le site RealClearPolitics.

La deuxième place pourrait se jouer entre Ron Paul (19,8% selon cette moyenne) et Jon Huntsman (11,5%), qui suscitent tous les deux l'enthousiasme des jeunes.

Ron Paul, médecin de 76 ans aussi courtois que radical, est un libertarien. Jon Huntsman est un modéré, ancien gouverneur de l'Utah. Il a tout misé sur le New Hampshire, mais refusait lundi soir de se laisser impressionner par sa timide montée dans les sondages.

«Je ne croirai à rien tant que je n'aurai pas vu les chiffres demain soir, et cela veut dire que nous avons encore du travail à faire d'ici là, nous avons des votes à gagner, des bras à tordre, et nous allons continuer à le faire jusqu'à la ligne d'arrivée», a-t-il déclaré.

Le chrétien conservateur Rick Santorum, qui a créé la surprise dans l'Iowa en arrivant au coude à coude avec M. Romney, est lui aussi crédité d'une moyenne de 11,5% des intentions de vote, mais à la baisse ces derniers jours.