«De temps en temps, je me laisse aller quand on me vise, c'est plus fort que moi», lâche le candidat républicain Newt Gingrich, attaqué par ses rivaux et qui se démène pour maintenir à flot sa campagne, à 15 jours du début des primaires républicaines.

Deux cents personnes sont rassemblées pour écouter M. Gingrich, connu pour son franc-parler. L'ancien président de la Chambre des représentants prononce un discours dans l'entrepôt d'une fabrique de vêtements de Hiawatha, une ville de quelque 7000 habitants de l'Iowa, à forte majorité blanche.

C'est dans cet État du centre des États-Unis que débutera, lors d'un «caucus» (assemblée électorale) le 3 janvier le processus de désignation du candidat républicain qui affrontera le président Barack Obama lors de la présidentielle américaine du 6 novembre.

Le ton est offensif, Newt Gingrich prend ses partisans à témoin: il se dit victime d'une campagne de dénigrement orchestrée par ses adversaires.

«La prochaine fois que vous croiserez un des candidats qui diffusent des publicités négatives, demandez-lui de les retirer», lance-t-il à propos de ces clips diffusés sur l'internet et à la télévision qui consistent à attaquer les candidats adverses.

L'une de ces publicités est l'oeuvre de l'organisation «Restore Our Future», qui soutient Mitt Romney, l'autre grand favori des primaires du Parti républicain.

La courte vidéo commence avec une photo du président Obama arborant un grand sourire. «Savez-vous ce qui réjouit tant Barack Obama?», dit une voix-off. «La prochaine gaffe de Newt Gingrich.»

Apparaît ensuite une valise bourrée de billets de banque, avant que la voix ne reproche à M. Gingrich d'avoir touché 1,6 million de dollars de Freddie Mac, le géant du financement immobilier renfloué à coups de milliards par l'État au plus fort de la crise de 2008. M. Gingrich a toujours assuré qu'il n'avait fait que facturer «des conseils» à l'entreprise.

Le candidat, qui a bénéficié de ses talents de débatteur pour signer une ascension fulgurante dans les sondages, a de quoi être préoccupé: à une quinzaine de jours des premiers votes, il est certes bien placé dans les sondages nationaux, mais plafonne à 14% des intentions de vote dans l'Iowa, derrière Ron Paul et Mitt Romney. En deux semaines, son avance a fondu de 13 points.

Les causes de cette dégringolade? «Le torrent de saletés» déversé à son encontre par les autres candidats, a déclaré Newt Gingrich lors d'un déplacement à Davenport, une bourgade de cent mille habitants au bord du Mississippi.

«Il y a tellement de publicités négatives qu'avant même que vous n'ayez commencé à y répondre, votre cote s'effondre», dit-il aux journalistes qui le suivent, accusant ses rivaux de «faire le jeu de Barack Obama».

Et bien qu'il se soit engagé à mener une campagne sans publicité négative, M. Gingrich commence lui-même à attaquer ses adversaires.

Première cible: Ron Paul, partisan du non-interventionnisme, qui a critiqué tant M. Gingrich que les autres candidats pour leurs velléités guerrières contre l'Iran.

«Je ne suis clairement pas du même côté que certains candidats» sur cette question, explique M. Gingrich, qui prône lui de mener une guerre secrète contre l'Iran.

Mitt Romney en prend également pour son grade. «Certains candidats sont en campagne depuis cinq ou six ans et ont levé des millions et des millions de dollars», persifle M. Gingrich, une allusion au fait que M. Romney, un ancien entrepreneur multimillionnaire, avait brigué, sans succès, l'investiture républicaine en 2008, et amassé un véritable trésor de guerre.

Mais sa meilleure flèche reste réservée à Barack Obama, qu'il accuse de ne rien comprendre à «l'emploi, à la sécurité intérieure et aux affaires étrangères».