Newt Gingrich, fraîchement ressorti des oubliettes de la politique américaine, jouait les trouble-fêtes cette semaine dans la course républicaine à la Maison-Blanche, privant Mitt Romney du statut de favori.

Un mois avant le coup d'envoi du processus de sélection État par État d'un candidat républicain pour affronter Barack Obama à la présidentielle de novembre 2012, M. Gingrich s'installe confortablement en tête de peloton.

Les «caucus» (assemblées d'électeurs) de l'Iowa (centre), premier test pour les candidats républicains, auront lieu le 3 janvier.

Un sondage Rasmussen publié jeudi place M. Gingrich à 38% d'intentions de vote chez les électeurs républicains, contre 17% pour M. Romney. Aucun des six autres principaux candidats n'atteint les 10%.

Selon une moyenne de plusieurs sondages récents réalisée par le site RealClearPolitics, M. Gingrich (26,6%) mène en tête devant M. Romney (20,4%).

Le retour en grâce courant novembre de Newt Gingrich qui avait effectué un début de campagne chaotique avec plusieurs défections dans son camp, «a été une grosse surprise pour tout le monde sauf peut-être pour lui», a déclaré à l'AFP John Pitney, professeur de sciences politiques à l'université Claremont McKenna. «Il a une confiance en lui énorme et dans ce cas c'était justifié», a-t-il ajouté.

Face à cette nouvelle menace, M. Romney a commencé à réajuster son discours. «Lui et moi avons des histoires différentes. Il a passé les 30 ou 40 dernières années à Washington. J'ai passé ma carrière dans le secteur privé. Je pense que c'est ce dont le pays a besoin maintenant», a-t-il dit mardi sur la chaîne Fox.

Jusqu'à présent, M. Romney favori potentiel, n'a pas réussi à convaincre la base républicaine de le soutenir plus sérieusement.

Cet ancien élu de la Géorgie (sud-est) est le dernier républicain à séduire l'opinion, au nom du «tout sauf Romney». Depuis qu'il a annoncé sa candidature en mai, il a vu prospérer, puis s'effondrer, successivement Michele Bachmann, Rick Perry, puis Herman Cain.

C'est de la déroute de ce dernier que M. Gingrich a le plus profité. Après plusieurs accusations de scandales sexuels, Herman Cain, ancienne coqueluche des sondages, a sombré dans l'opinion au profit de Newt Gingrich.

L'ancien patron d'une chaîne de pizzerias annoncera samedi s'il poursuit sa campagne.

«Ils (les électeurs) ont fait le tour de tout le monde, maintenant c'est au tour de Newt», explique le politologue Thomas Mann du cercle de réflexion Brookings Institution.

La prochaine confrontation entre MM. Romney et Gingrich aura lieu samedi soir lors d'un débat sur Fox.

Newt Gingrich, 68 ans, ex-président de la Chambre des représentants, artisan de la victoire législative républicaine de 1994 sous la présidence du démocrate Bill Clinton, est un vétéran de la politique américaine.

Titulaire d'un doctorat d'histoire et toujours à la recherche de nouvelles idées, il passe pour un intellectuel parmi les autres candidats. Dans les débats télévisés, il s'exprime sur un ton professoral, enchaînant les bonnes prestations auprès du public.

Mais M. Gingrich s'est souvent attiré les critiques de son propre camp comme fin novembre, lorsqu'il a proposé un traitement plus «humain» pour les immigrés illégaux intégrés depuis longtemps aux États-Unis.

Par ailleurs, il a souvent été critiqué pour ses idées excentriques comme celle, émise récemment, de faire travailler les enfants pauvres pour leur inculquer la culture du travail. M. Mann, estime que M. Gingrich a «dit des choses parfaitement grotesques».

En outre, un adultère avoué et deux divorces ont terni la réputation de M. Gingrich à la fin des années 1990. Plus récemment, il a dû rejeter des accusations de lobbying en faveur de Freddie Mac, groupe de financement de prêts immobiliers.