Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est dit certain mercredi que la coalition internationale que les États-Unis cherchent à mettre en place pour venir à bout des djihadistes de l'État islamique en Irak et en Syrie réussira dans sa mission.

«Nous savons tous (...) qu'en définitive, notre coalition internationale réussira à éliminer la menace en Irak, dans la région et dans le monde», a déclaré M. Kerry au cours d'une conférence de presse à Bagdad.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a apporté son soutien mercredi à Bagdad au nouveau gouvernement irakien qui aura un rôle clé dans la stratégie contre les djihadistes de l'État islamique (EI), qui sera révélée en soirée par le président Obama.

M. Kerry, a également affirmé que l'armée irakienne serait reconstruite.

L'armée irakienne «sera reconstituée et entraînée (...) par le biais de stratégies différentes et avec l'aide non seulement des États-Unis, mais d'autres pays également», a dit M. Kerry.

Au moins 19 personnes ont été tuées mercredi dans un double attentat à Bagdad au moment où le secrétaire d'État américain lance dans la capitale irakienne une tournée pour bâtir une coalition antidjihadiste, selon un nouveau bilan fourni par des responsables.

Au moins 52 personnes ont été également blessées dans un attentat-suicide à la voiture piégée suivi par l'explosion d'un autre véhicule, ont indiqué ces sources précisant que les attaques étaient survenues près d'un barrage de la police dans un quartier de l'est de Bagdad.

Les attaques n'ont pas été revendiquées dans l'immédiat, mais les attentats suicides sont souvent le fait d'extrémistes sunnites.

Les efforts internationaux se sont accélérés pour contrer la menace grandissante posée par l'EI, qui multiplie les exactions dans les régions conquises en Irak et en Syrie et a décapité deux journalistes américains, le président français François Hollande se rendant vendredi en Irak avant d'organiser lundi à Paris une conférence sur la sécurité dans ce pays.

Sur le terrain, les États-Unis poursuivent leur campagne de frappes entamée le 8 août sur des positions de l'EI dans le Nord irakien, une aide cruciale pour les forces fédérales et kurdes qui ont pu reprendre certains secteurs après leur initiale déroute au début de l'offensive djihadiste le 9 juin.

Deux mois et demi après sa première visite à Bagdad pour pousser les Irakiens à mettre en place un gouvernement rassemblant toutes les communautés et susceptible de faire face à l'assaut de l'EI, M. Kerry est arrivé dans la matinée à Bagdad.

Il devait discuter avec le premier ministre Haïdar Al-Abadi des moyens d'accroître le soutien américain au gouvernement formé lundi, selon le département d'État. Il devait évoquer aussi le «rôle crucial» que doit jouer l'Irak dans la construction d'une coalition mondiale afin «au bout du compte de vaincre l'EI», a dit un responsable américain.

Après Bagdad, M. Kerry se rendra jeudi à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, pour rencontrer les chefs de la diplomatie des six monarchies arabes du Golfe qui avaient réclamé plus de détails en vue de leur participation à la coalition.

Opération à long terme

Des représentants d'Irak, de Jordanie, d'Égypte et de Turquie seront également présents à cette réunion qui survient après l'annonce par les États membres de la Ligue arabe de leur détermination à «affronter les groupes terroristes» dont l'EI.

Pour M. Kerry, il s'agit de mettre sur pied «la plus large coalition possible de partenaires (...) afin de faire face, d'affaiblir, et au final, de vaincre l'EI». Et «presque tous les pays ont un rôle à jouer pour éliminer le mal que représente l'EI».

Les États-Unis sont passés à la vitesse supérieure dans la foulée du sommet de l'OTAN vendredi, où plusieurs pays ont jeté les bases de cette coalition contre le groupe extrémiste sunnite formé de milliers de combattants dont une partie est recrutée en Occident.

Après des hésitations qui lui avaient valu de nombreuses critiques, le président américain présentera mercredi soir à 21 h la stratégie des États-Unis pour «affaiblir et, à terme, détruire» l'EI.

Tout en restant fidèle à son crédo pas de troupes américaines de combat au sol, M. Obama ne fera pas d'annonces précises sur le calendrier, mais «il ne s'agit pas d'une opération à court terme», a dit la Maison-Blanche, alors que M. Kerry avait reconnu que ce combat «pourrait prendre un an, deux ans, trois ans».

Le point d'interrogation syrien

Alors que M. Obama espérait tourner la page de l'engagement militaire américain au Moyen-Orient, il a affirmé mardi soir être en mesure de prendre les décisions nécessaires pour élargir l'action militaire contre l'EI sans avoir à solliciter préalablement le feu vert du Congrès.

Le principal point d'interrogation porte sur d'éventuels bombardements sur la Syrie, où les djihadistes sunnites ont profité de la guerre civile pour s'emparer de pans de territoire, déclarant fin juin un califat sur les régions conquises en Syrie et en Irak.

Néanmoins selon les quotidiens américains New York Times et Washington Post, M. Obama s'apprête à autoriser des frappes aériennes en Syrie dans le cadre de sa stratégie.

Né sous un autre nom en 2006 en Irak comme la branche irakienne d'Al-Qaïda, ce groupe a ensuite coupé les liens avec Al-Qaïda après son engagement en Syrie en 2013 et s'est taillé une réputation de groupe sanguinaire commettant exécutions, viols et persécutions.

En Syrie, le nouvel émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, poursuit sa première visite dans le pays ravagé par plus de trois ans de guerre, alors qu'un important groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham a nommé une nouvelle direction, au lendemain d'un attentat ayant tué son chef et une trentaine d'autres responsables du groupe à Idleb (nord-ouest).