Deux juges de la Cour suprême de la Colombie-Britannique ont ordonné vendredi, dans des jugements différents, aux manifestants des mouvements «Occupons Vancouver» et «Occupons Victoria» de démonter leurs campements et de quitter leurs emplacements.

À Vancouver, la juge Anne MacKenzie s'est dite d'accord avec les avocats de la Ville à propos du fait que les protestataires occupaient illégalement des terrains municipaux.

Les avocats des «indignés» ont argué que le campement devait avoir le droit de demeurer debout en raison du fait que les tentes faisaient partie intégrante du droit à la libre expression et du droit au rassemblement.

La juge n'a pas donné de délai aux protestataires, mais les avocats de la Ville ont suggéré qu'ils devaient quitter leur emplacement d'ici 48 heures, et un avocat des manifestants a plutôt laissé entendre que le délai serait en fait de cinq jours.

Quelques heures plus tôt, le juge Terence Schultes avait exigé que les manifestants installés au site d'«Occupons Victoria» quittent l'endroit d'ici 7h samedi matin.

Ce juge n'a toutefois pas donné le droit à la Ville de faire appliquer cette directive, ce qui signifie que la municipalité devra revenir en cour si jamais les protestataires demeurent à Centennial Square.

Dans sa décision, le juge Schultes souligne que la liberté d'expression des manifestants ne pouvait prévaloir sur la nécessité pour la Ville de faire respecter les règlements quant aux lieux publics.

Les occupants d'un parc du centre-ville de Toronto ont pour leur part reçu des encouragements, vendredi, alors que leur avocate, Susan Ursel, a déclaré à la Cour supérieure de l'Ontario que leur liberté d'expression serait brimée s'ils étaient expulsés de leur campement.

Selon elle, le camp des protestataires est une part importante du droit des manifestants de s'assembler et d'exprimer leurs opinions, voire qu'il s'agissait d'un exercice de conscience, une manifestation de ce qu'ils tentent de créer dans le monde.

La Ville voit toutefois ces «indignés» torontois, qui ont monté un mini-village de tentes au cours du dernier mois, comme des indésirables et souhaite les voir partir. La mairie argue que les manifestants violent les règlements municipaux et briment les droits des autres utilisateurs du parc.

Le juge David Brown, qui préside l'affaire, doit rendre sa décision lundi matin. Le magistrat a semblé agacé par l'utilisation du terme «expulsion» par les protestataires, indiquant que la Ville voulait simplement faire respecter ses règlements.

Le juge a expliqué que la note remise par la mairie aux «indignés» précisait qu'ils pouvaient utiliser le parc pour exprimer leur opinion politique, mais qu'ils devaient se débarrasser de leurs tentes et ne plus y passer la nuit.

La Ville devrait discuter avec les manifestants concernant les méthodes pour partager le parc avec les autres citoyens avant de prendre des décisions pour «démanteler complètement» le camp, a argué Me Ursel.

«Pourquoi les protestataires ne lancent-ils pas cette discussion?», a rétorqué le juge Brown. «La démocratie fonctionne dans les deux sens.»