Malgré les avertissements de la Ville de Montréal, les indignés de la métropole restaient déterminés, mercredi, à construire des cabanes de bois dans le but de passer l'hiver au square Victoria.

Trois constructions de bois ont déjà été bâties sur place, en plus d'une grande yourte. Au moins une autre maisonnette était en construction mercredi.

Mardi, des indignés s'étaient rendus à l'hôtel de ville de Montréal pour faire approuver les plans de petites maisons de bois qu'il auraient voulu bâtir.

Alors qu'ils espéraient recevoir un feu vert des autorités, celles-ci leur ont plutôt opposé un refus catégorique. Les représentants de la Ville leur ont aussi demandé de démanteler les constructions de bois déjà sur pied.

Mais Jérémie Valois ne se laisse pas abattre. L'indigné se fait ouvrier et construit une cabane, une «maison longue» toute faite de produits recyclés. Si elle sort de terre, elle pourrait accueillir une douzaine de personnes pour l'hiver, une «petite communauté», indique-t-il. Pour l'instant, seuls le plancher et la plateforme sont en voie d'être terminés.

«Notre volonté d'être ici est toujours aussi forte, lance-t-il. On espère pouvoir rester ici pour continuer le combat, parce que c'est un combat à long terme.»

Hypocrisie?

La décision des autorités a déclenché la colère des indignés, qui accusent la Ville de Montréal d'hypocrisie.

Selon Félix St-Laurent, l'un des porte-parole des indignés, le maire Gérald Tremblay a beau se montrer tolérant vis-à-vis du mouvement, il le condamne quand même à plier bagage à mesure que l'hiver s'installera. Mais l'opinion des autorités ne changera rien à l'affaire, continue-t-il: les occupants du square Victoria ne veulent pas mourir de froid, et l'érection de cabanes constitue la seule solution viable pour y passer l'hiver.

«C'est comme dire à quelqu'un de ne pas mettre de manteau d'hiver pendant qu'il fait froid, expose M. St-Laurent. Le gars, il va le prendre son manteau et il va le mettre quand même.»

Selon lui, la Ville aurait plaidé que la construction de cabanes compliquerait trop la tâche des services d'urgence en cas de pépin. L'évacuation d'éventuels blessés constituerait notamment un problème important de sécurité.

«Ce n'est pas plus sécuritaire de mourir d'une pneumonie avec un pied en moins parce que tu es gelé dans ta tente», plaide Félix St-Laurent.

Jérémie Valois, lui, admet que son projet de cabane a de bonne chance d'être démantelé avant que le clou final n'y soit enfoncé. «Ca créé beaucoup d'inquiétudes», affirme-t-il, ajoutant que les tensions sont plus grandes au sein du camp parce que son avenir est incertain.

Indignés en sursis?

Les autorités de Montréal ne sont pas les seules à durcir le ton vis-à-vis des indignés. À Toronto, le maire Rob Ford a déclaré mercredi matin qu'il était temps pour les indignés de reprendre leurs pénates et de quitter le parc du centre-ville où ils se sont installés.

Le maire Ford a reconnu que l'occupation s'était déroulée de façon pacifique jusqu'à maintenant. C'est pourquoi la Ville a fermé les yeux sur la violation de différents règlements municipaux, a-t-il expliqué.

Mais les autorités reçoivent maintenant des appels de Torontois qui en ont assez des protestataires, a-t-il soutenu, et c'est pourquoi il demande au mouvement de plier bagage.

Par ailleurs, des installations de fortune qui avaient été érigées par des indignés dans un parc de London, en Ontario, ont été retirées par la police dans la nuit de mercredi. Aucun incident n'a été signalé.

Le maire de London, Joe Fontana, avait sommé les manifestants de retirer leurs tentes du parc Victoria avant 18 h mardi, mais ceux-ci n'ont pas obéi. Des policiers et des représentants municipaux de London se sont donc présentés sur les lieux à 1 h du matin mercredi pour procéder au démantèlement, qui a duré environ une heure.

Le maire Fontana avait indiqué mardi que les indignés pourraient continuer de manifester au parc Victoria s'ils le voulaient mais qu'aucune présence ne serait tolérée entre 22 h et 6 h. Il a promis que tout contrevenant serait chassé. Or, une quarantaine de manifestants étaient toujours sur place après 22 h mardi soir.

Plus tôt en journée, un millier de personnes se trouvaient au parc Victoria.

À Vancouver, le chef de la police municipale a averti les indignés qu'ils devraient cesser leur occupation après que des manifestants masqués aient bousculé des pompiers et frappé des policiers. Deux agents ont d'ailleurs été hospitalisés après avoir été mordus par des manifestants.