Le président intérimaire de l'Égypte a rencontré samedi le chef de l'armée et le ministre de l'Intérieur afin de discuter des affrontements survenus vendredi entre opposants et partisans du président déchu Mohamed Morsi qui ont fait 37 morts à travers le pays et creusé davantage le fossé qui le divise.

Trois jours après que les militaires eurent déposé M. Morsi, le premier président égyptien démocratiquement élu, la crise qui déchire l'Égypte semble vouloir s'intensifier.

Les fidèles du leader islamiste ont promis de protester dans les rues jusqu'à ce qu'il soit réintégré dans ses fonctions alors que ses détracteurs ont affirmé qu'ils manifesteraient pour protéger ce qu'ils ont appelé les «gains du 30 juin», une référence aux importants rassemblements qui ont été organisés pour réclamer le départ de Mohamed Morsi.

C'est dans ce contexte que l'actuel président de l'Égypte, Adly Mansour, le chef de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah el-Sissi, ainsi que le ministre de l'Intérieur et responsable de la police, Mohammed Ibrahim, se sont réunis samedi au palais présidentiel.

C'était la première fois que M. Mansour travaillait dans le bureau présidentiel depuis son investiture jeudi, un jour après que l'armée eut écarté M. Morsi du pouvoir au terme de quatre journées de manifestations auxquelles ont participé des millions d'Égyptiens.

Samedi, le président intérimaire a également rencontré les leaders de Tamarrod, le mouvement derrière les rassemblements anti-Morsi, a révélé un représentant du gouvernement sous le couvert de l'anonymat.

Adly Mansour avait récemment été nommé juge en chef de la Cour suprême constitutionnelle par Mohamed Morsi, un poste pour lequel il a prêté serment quelques minutes avait d'être assermenté comme président.

37 morts, plus de 1000 blessés en 24 heures de violences

Trente-sept personnes ont péri ces dernières 24 heures en Égypte, dans des affrontements entre partisans et opposants au président Mohamed Morsi renversé par l'armée et des attaques d'hommes armés dans le Nord-Sinaï, ont indiqué samedi le ministère de la Santé et des sources de sécurité.

«Trente-six personnes ont péri et 1079 autres ont été blessées», a indiqué samedi le ministère. Un prêtre copte (chrétien) a par ailleurs été tué par des hommes non identifiés dans le Sinaï.

Ce bilan comprend 30 personnes tuées dans des heurts entre pro et anti-Morsi après que des affrontements ont éclaté vendredi soir entre les deux camps, fortement mobilisés pour une journée de manifestations émaillées de violences.

En outre, cinq policiers ont été tués par des hommes armés dans le Sinaï (nord-est), peu après la mort plus tôt dans la journée d'un soldat dans cette région instable, frontalière avec Gaza et Israël, selon des sources au sein des services de sécurité.

En soirée, des partisans armés de l'ex-président islamiste ont attaqué le siège du gouvernorat du Nord-Sinaï à El-Arich, dans le nord-est de l'Égypte, avant d'y hisser le drapeau des jihadistes.

Samedi, toujours dans la péninsule en proie à une forte instabilité, un prêtre copte, une communauté chrétienne qui représente 6 à 10% des Égyptiens, a été tué par des hommes armés non identifiés, selon des sources de sécurité.

Les assaillants ont sorti le prêtre de sa voiture avant de l'abattre d'une rafale d'arme automatique et de prendre la fuite, ont précisé ces sources.

La région du Sinaï est en proie à une instabilité croissante depuis la chute début 2011 du président Hosni Moubarak. Majoritairement peuplée de bédouins depuis longtemps en conflit avec le pouvoir central, elle abrite également des islamistes radicaux qui s'en servent comme base pour lancer des attaques contre Israël.

- avec l'AFP