Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a pressé mercredi au Caire le pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi à poursuivre sur la voie des réformes et à oeuvrer pour la stabilité régionale.

M. Hagel, arrivé mercredi pour une visite éclair, a rencontré son homologue, le général Abdel Fattah al-Sissi avant de s'entretenir avec le chef de l'État.

Le chef du Pentagone a «exprimé le soutien des États-Unis pour des réformes politiques et démocratiques en Égypte», a rapporté un de ses collaborateurs à des journalistes voyageant avec la délégation américaine.

M. Hagel «les a encouragés à continuer pour de multiples raisons, en particulier la stabilité de l'Égypte et de la région», a-t-il poursuivi sous couvert de l'anonymat.

Il a salué le «rôle responsable» de l'armée égyptienne dans «cette période difficile» de l'histoire du pays, où elle a assumé le pouvoir après le départ de M. Moubarak début 2011, et assure un rôle plus effacé, mais influent depuis l'élection de M. Morsi en juin 2012.

Le général Sissi a assuré «que l'Égypte comprend et assume ses responsabilités en matière de sécurité dans le pays, y compris aux frontières», a rapporté ce responsable américain après l'entretien.

L'Égypte est en particulier sous pression pour mieux contrôler la péninsule sensible du Sinaï, frontalière de l'enclave palestinienne de Gaza et d'Israël, où la sécurité s'est fortement dégradée depuis la chute d'Hosni Moubarak.

Dernier incident en date, deux roquettes tirées du Sinaï égyptien, selon l'armée israélienne, se sont abattues il y a une semaine dans la ville israélienne d'Eilat, sur la mer Rouge, sans faire de victime. Cette attaque a été revendiquée par un groupe salafiste basé à Gaza.

L'Égypte a longtemps été l'un des alliés les plus solides des États-Unis dans la région, mais depuis la chute de M. Moubarak, Washington doit composer avec une nouvelle réalité politique et un gouvernement plus indépendant au Caire.

Des responsables américains affirment malgré tout que les relations cultivées ces dernières décennies dans le domaine de la sécurité entre les deux pays ont résisté à ces changements et que les responsables militaires américains communiquent toujours avec la puissante armée égyptienne.

«Le secrétaire à la Défense peut prendre son téléphone et avoir son homologue à qui nous pouvons parler à tout moment», a dit un haut responsable du Pentagone à la presse la semaine dernière, avant la tournée de M. Hagel.

«En dépit des changements dans l'armée égyptienne et dans le système politique, cela a été une constante», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a toutefois récemment exprimé la «réelle inquiétude» de Washington face à l'évolution de l'Égypte sous M. Morsi, en matière notamment de liberté de presse et d'expression.

La visite de M. Hagel survient également dans un climat de profonde crise politique, où l'opposition égyptienne dénonce un accaparement de plus en plus prononcé du pouvoir par les Frères musulmans dont est issu le président.

Les États-Unis continuent de fournir plus d'un milliard de dollars d'aide militaire annuelle à l'Égypte. Cette aide a toujours été vue comme un moyen de garantir le respect par Le Caire des accords de paix avec Israël.

Il s'agit de la première visite de M. Hagel au Moyen-Orient en tant que secrétaire à la Défense. Il s'est d'abord rendu en Israël, puis en Jordanie et en Arabie saoudite. Après l'Égypte, il est attendu mercredi en fin de journée aux Émirats arabes unis.