La principale coalition de l'opposition égyptienne, le Front du salut national (FSN), a annoncé mardi qu'elle allait boycotter les élections législatives prévues dans moins de deux mois en raison notamment du manque de garanties pour leur transparence.

«La décision du Front, à l'unanimité, (est) le boycott des élections», a déclaré lors d'une conférence de presse Sameh Achour, l'un des membres de la coalition, à l'issue d'une réunion du FSN.

M. Achour a expliqué cette décision par le fait que le pouvoir n'avait pas accédé à ses principales demandes, dont la formation d'un nouveau gouvernement «pour sauver le pays», et par l'absence de garanties pour leur transparence.

«Pas d'élections sans une loi qui garantisse la transparence du processus électoral (...), sans réelle indépendance du pouvoir judiciaire», a-t-il martelé, tandis que fusaient dans la salle des «À bas le pouvoir du Guide» suprême des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi.

La participation ou non aux élections a fait l'objet de débats animés ces derniers jours au sein du Front, qui réunit des mouvements et partis en majorité libéraux et de gauche, selon des membres de la coalition.

Le coordinateur du FSN, le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, avait appelé samedi au boycott sur son compte Twitter en dénonçant une «supercherie» et en laissant entendre que le scrutin pourrait être truqué comme cela avait été le cas en 2010, sous le règne du président Hosni Moubarak.

Les législatives doivent commencer le 22 avril et s'étaler sur deux mois, mais plusieurs opposants ont mis en cause leur transparence et le moment choisi pour les organiser, en estimant que le pays était trop divisé pour qu'elles se tiennent dans le calme.

«Nous ne participerons pas non plus (...) au soi-disant dialogue d'aujourd'hui», a encore dit M. Achour.

Le président Morsi avait appelé à un dialogue avec toutes les forces politiques, pour «mettre au point les garanties pour la transparence et l'intégrité des élections». Ce dialogue doit se tenir mardi en fin de journée et être retransmis en direct à la télévision, selon la présidence.

«De quelles garanties pourrions-nous parler aujourd'hui alors que vous avez refusé un gouvernement impartial (capable) d'appliquer ces garanties?», a fustigé M. Achour, en accusant les Frères musulmans d'avoir l'intention de «prendre l'Égypte en otage politiquement, de monopoliser ses institutions et de dominer entièrement les composantes de l'État».

Les Frères musulmans et les salafistes dominaient la précédente Assemblée élue à l'hiver 2011/2012 et dissoute en juin 2012, après une décision de la plus haute juridiction d'Égypte jugeant la loi électorale anticonstitutionnelle.

Le FSN, qui n'existe que depuis trois mois, a organisé des manifestations de masse contre M. Morsi en novembre et décembre pour dénoncer les pouvoirs exceptionnels qu'il s'était arrogés - auxquels il a finalement renoncé - et pour contester une Constitution rédigée par une commission dominée par les islamistes.