La commission chargée de rédiger la future constitution égyptienne a appelé mercredi la population à donner son avis sur un projet inachevé de loi fondamentale, largement influencé par les islamistes et critiqué par des militants des droits de l'Homme.

«Nous invitons tous les Égyptiens à (...) participer par des propositions, des amendements, des ajouts», a déclaré Mohamed al-Beltagui, membre de la commission, lors d'une conférence de presse retransmise par la télévision publique.

«Tout ce que nous présentons au dialogue social est une lecture préliminaire, rien n'a été discuté par l'ensemble de la commission constituante», seulement par les différentes commissions la composant, a-t-il tenu à préciser.

Les Égyptiens peuvent consulter le projet de loi fondamentale sur le site internet de la commission, régulièrement actualisé. Toutefois, certaines parties, dont celles concernant le pouvoir judiciaire et les forces armées, ne sont toujours pas disponibles, a indiqué M. al-Beltagui.

«Prends ton stylo et ajoute, barre, change, amende et participe», appelle une vidéo résumant la nouvelle campagne de la commission et présentée lors de la conférence de presse.

Le travail de la commission a été critiqué par des partis politiques laïques et des militants des droits de l'Homme, qui l'accusent d'opacité et de limiter certains droits et libertés.

L'ONG Human Rights Watch a ainsi affirmé lundi que certaines dispositions étaient «en contradiction avec les standards internationaux des droits de l'Homme et poseraient une menace sérieuse à l'avenir des droits de l'Homme en Égypte», en citant l'article 5 du projet qui n'interdit selon elle pas la torture et l'article 36 qui menace l'égalité entre hommes et femmes.

La commission constituante de 100 membres formée en juin et présidée par le juge Hossam al-Ghariani rédige une nouvelle Constitution après que l'ancienne loi fondamentale a été suspendue suite au soulèvement populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak en février 2011.