Dix candidatures à la présidentielle égyptienne ont été invalidées, dont celle de l'ancien chef du renseignement Omar Suleiman, du responsable de la stratégie des Frères musulmans Khairat el-Shater et du prédicateur radical Hazem Abou Ismail, a annoncé samedi le chef de la Commission électorale.

La décision surprise menace d'envenimer une course déjà tumultueuse et de plonger la nation la plus peuplée du monde arabe dans une nouvelle crise politique.

Farouk Sultan, chef de la commission suprême à l'élection présidentielle, n'a pas donné les motifs du rejet de ces candidatures. Selon le règlement électoral, les candidats disqualifiés peuvent faire appel de la décision d'ici 48 heures.

L'annonce a choqué bon nombre d'Égyptiens, puisque trois des 10 personnes exclues étaient considérées comme faisant partie des meneurs dans cette campagne très polarisée qui a divisé le pays en deux camps : les islamistes et les anciens caciques du régime qui étaient supposément appuyés par les généraux au pouvoir.

Si elle est maintenue, la décision transformerait le paysage électoral en faisant disparaître les candidatures les plus puissantes et les plus controversées, pour ne laisser qu'un groupe de modérés.

La liste finale des candidats sera annoncée le 26 avril. Treize autres aspirants ont vu leur candidature approuvée, incluant celles de l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, de l'islamiste modéré Abdel-Moneim Abolfotoh, ainsi que de l'ancien premier ministre Ahmed Shafiq, selon M. Sultan.

Un porte-parole de la campagne de M. el-Shater, Murad Mohammed Ali, a qualifié la décision de «très dangereuse» et déclaré qu'elle envoyait un message selon lequel «il n'y a pas eu de révolution en Égypte».

Des responsables de toutes les campagnes ont indiqué qu'ils iraient en appel.

Cette lutte de pouvoir survient plus d'un an après le renversement du président Moubarak lors d'une révolte populaire. La bataille politique s'est envenimée à l'approche de l'élection présidentielle, le mois prochain, lors de laquelle les islamistes espèrent remporter le plus important poste de l'État égyptien. Leurs ambitions ont toutefois été remises en question récemment lors du retour sur la scène politique de l'ancien vice-président de M. Moubarak, Omar Suleiman, après une longue disparition de l'espace public.

La présidentielle est prévue les 23 et 24 mai prochain, et un éventuel deuxième tour doit avoir lieu les 16 et 17 juin.