Quarante-quatre personnes, parmi lesquelles 19 Américains et d'autres étrangers, vont être jugées pour des accusations de financement illégal d'organisations non gouvernementales opérant en Égypte, a-t-on appris dimanche de source judiciaire égyptienne.

«Quarante-quatre personnes, dont des Égyptiens, 19 Américains, et des personnes d'autres nationalités, ont été déférées devant la cour criminelle du Caire dans l'affaire du financement des ONG», a déclaré cette source à l'AFP.

Selon l'agence officielle Mena, des Allemands, des Norvégiens, des Serbes, des Jordaniens et des Palestiniens figurent également parmi elles.

Aucune de ces personnes n'a été placée en détention en attendant le procès, dont la date n'a pas été précisée, a ajouté la source judiciaire.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a critiqué dimanche la façon dont l'Égypte pouvait «nuire» à des organisations non gouvernementales renommées.

«Nuire à des organisations qui ont une vraie mission internationale et qui la remplissent avec sérieux, ce n'est de notre point de vue en aucun cas acceptable», a déclaré Guido Westerwelle.

Cette action en justice fait suite aux perquisitions de 17 locaux d'ONG égyptiennes et internationales de défense des droits et de promotion de la démocratie le 29 décembre.

Parmi elles figurent les organisations américaines National Democratic Institute (NDI), International Republican Institute (IRI) et Freedom House, ainsi qu'une allemande, la fondation Konrad Adenauer.

Cette affaire a tendu les relations entre Washington et le pouvoir militaire égyptien qui a succédé au président Hosni Moubarak depuis la chute de ce dernier le 11 février 2011.

Elle survient alors que le pouvoir et les médias gouvernementaux mettent régulièrement le climat de contestation et les manifestations contre l'armée sur le compte de «complots» ourdis hors du pays et de «mains étrangères».

Ces ONG sont accusées d'avoir «établi des filiales d'organisations internationales en Égypte sans avoir obtenu l'agrément du gouvernement égyptien», et d'avoir «reçu des financements illégaux de l'étranger», selon cette source judiciaire.

L'installation d'ONG étrangères en Égypte ou le financement depuis l'étranger d'ONG locales est soumis à des conditions très restrictives en vertu d'une législation héritée de l'époque du président Hosni Moubarak.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a déclaré samedi que la question des ONG américaines en Égypte était toujours dans l'impasse, et averti que l'aide des États-Unis à l'Égypte pourrait être revue.

Mme Clinton a souligné qu'elle avait «à nouveau exprimé la profonde préoccupation» américaine au sujet des ONG lors d'un entretien avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Amr, en marge de la conférence de Munich (Allemagne) sur la sécurité.

En janvier, les autorités égyptiennes ont interdit à certains Américains membres de ces organisations de quitter le pays. Selon des responsables américains, plusieurs d'entre eux se sont alors réfugiés à l'ambassade des États-Unis au Caire.

«Nous pensons qu'il n'y a aucune justification à ces enquêtes, ces perquisitions... à la saisie de leur matériel, et certainement aucune raison de leur interdire de quitter le pays», a affirmé Mme Clinton.

L'armée égyptienne reçoit annuellement environ 1,3 milliard de dollars d'assistance militaire de la part des États-Unis.