Le régime syrien semble plus que jamais proche de la reconquête totale de la capitale et de ses environs, avec le début dimanche de l'évacuation des djihadistes du groupe État islamique (EI) de leur dernier bastion à Damas, selon une ONG.

Les médias officiels syriens ont toutefois nié l'existence de tout marché avec l'EI ou de transferts négociés de djihadistes du sud de Damas où ils sont soumis à une vaste offensive du régime de Bachar al-Assad depuis plus d'un mois.

Sur un autre front de la guerre en Syrie, dans la province orientale de Deir Ezzor, l'EI a aussi perdu du terrain face à une coalition arabo-kurde soutenue par les troupes françaises et américaines présentes au sol, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a précisé qu'à Damas, les premières évacuations de djihadistes font suite à l'entrée en vigueur samedi d'un cessez-le-feu avec le régime et concernent le camp palestinien de Yarmouk et le quartier de Tadamoun.

«Six bus sont entrés dans la nuit de samedi à dimanche dans la zone sous le contrôle de l'EI pour transporter des combattants du groupe et leur famille avant de se diriger à l'aube vers la badia syrienne (désert)», dans l'est du pays, où le groupe tient encore quelques territoires, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Campagnes de bombardements

Plus de 25 bus sont aussi entrés dans le camp de Yarmouk, mais la majorité des personnes à bord de ces derniers sont «pour l'instant des civils», a-t-il ajouté.

Yarmouk est le plus grand camp palestinien en Syrie et est considéré comme un quartier de la capitale. Avant le début du conflit en 2011, il abritait quelque 160 000 personnes, y compris des Syriens. Aujourd'hui, seules quelques centaines de réfugiés y vivent encore.

Le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Anwar Abdel Hadi, a démenti que des évacuations aient lieu, mais a déclaré que l'EI semblait capituler. «Daech se rend à Yarmouk, Hajar al-Aswad et Tadamoun», a-t-il affirmé à l'AFP, en utilisant l'acronyme arabe pour l'EI.

Des évacuations négociées de djihadistes pourraient être dénoncées comme un simple déplacement du problème, comme celle d'août 2017 depuis le Liban voisin par son allié du Hezbollah.

Si le régime réussit à reconquérir ces zones du sud de Damas, il contrôlera l'ensemble de la capitale et de ses environs pour la première fois depuis 2012.

Les forces loyales au président Assad ont en effet réussi à chasser les rebelles de tous leurs fiefs dans et autour de Damas à la faveur de sièges et de campagnes de bombardements intenses suivies d'accords d'évacuations.

L'EI recule à l'est

Sur un autre front, l'EI a encore reculé dimanche face aux Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par l'artillerie, de plus en plus active, des forces françaises et américaines dans l'est de la province de Deir Ezzor, selon l'Observatoire.

Les combattants kurdes et arabes avaient annoncé début mai le lancement de la phase «finale» de leur offensive contre l'EI.

«Des combats acharnés ont lieu dans les environs du village de Hajine ainsi qu'autour de celui de Baghuz», conquis il y a une semaine par les FDS, a indiqué l'OSDH.

Selon M. Abdel Rahmane, les FDS ont déjà conquis samedi «une colline surplombant Hajine et deux autres villages environnants».

La coalition internationale anti-EI avait annoncé le 3 mai sur Twitter que la France participait aux opérations contre l'EI dans la vallée de l'Euphrate.

«Au début, les soldats américains et français avaient davantage recours aux raids aériens, mais l'artillerie a pris le dessus au fur et à mesure de la progression des troupes au sol», a déclaré M. Abdel Rahmane.

Il a précisé que l'opération avait lieu «en coordination avec les forces irakiennes stationnées à la frontière pour repousser toute tentative d'infiltration ou de fuite des combattants de l'EI».

Trois grands villages restent encore sous contrôle de l'EI dans cette zone: Hajine, Soussa et Al-Chaafa, selon l'OSDH.

Défait par les opérations militaires d'envergure menées contre son «califat» autoproclamé en 2014 sur une zone à cheval sur l'Irak et la Syrie, l'EI contrôle désormais moins de 3 % du territoire syrien, notamment des poches désertiques du centre et de l'est, selon l'OSDH.