Les forces irakiennes peinaient lundi à avancer dans la vieille ville de Mossoul face à la multiplication des attentats suicide menés par les djihadistes qui luttent pour leur survie dans leur dernier grand bastion urbain en Irak.

Il s'agit de l'ultime phase de la bataille de Mossoul lancée il y a plus de huit mois par l'armée pour chasser le groupe État islamique (EI) de la deuxième ville du pays. L'EI n'y contrôle plus qu'un petit secteur de la vieille ville dans l'ouest de la cité septentrionale.

Mais à mesure qu'ils perdent du terrain, les jihadistes opposent une résistance de plus en plus féroce, au milieu de civils pris au piège.

À une centaine de mètres du site à moitié détruit de l'emblématique mosquée al-Nouri, repris jeudi dernier aux jihadistes, les belligérants retranchés dans deux immeubles se tiraient dessus alors que des raids aériens frappaient des bâtiments proches, selon une équipe de l'AFP sur place.

Le front reste donc en partie proche de la mosquée suggérant que l'avancée des forces gouvernementales reste lente.

Il reste quelques centaines de djihadistes dans leur dernier carré de Mossoul, dont une majorité d'étrangers, a déclaré le lieutenant Sami al-Aridhi, un commandant des forces du contre-terrorisme (CTS).

Acculés sur la rive ouest du Tigre, et encerclés de l'autre côté par l'armée et la police, les djihadistes n'ont cessé de reculer depuis le début le 18 juin de l'assaut sur la vieille ville.

Selon M. Aridhi, la fin de la bataille devrait intervenir dans les prochains jours.

«Dans certains quartiers, l'ennemi a recours depuis trois jours à des kamikazes, notamment des femmes», a-t-il ajouté pour expliquer la lente progression. «Auparavant, il utilisait davantage de snipers et de bombes».

«Hier (dimanche), il y a eu 17 attentats suicide dont quatre perpétrés par des femmes. Aujourd'hui, deux femmes encore se sont fait exploser», a poursuivi le commandant irakien.

Ces derniers jours, même des adolescentes de 12 et 14 ans ont commis des attentats suicide tuant trois soldats irakiens, selon des militaires. 

Jeunes filles kamikazes 

Les forces irakiennes sont aussi gênées par la physionomie de la vieille ville, un secteur aux rues étroites et densément peuplées qui rend «les combats chaque jour plus difficiles», a expliqué le général Abdel Ghani al-Assadi, commandant au CTS.

De peur des attentats suicide, soldats et policiers postés à la sortie de la vieille ville demandaient à chaque civil homme qui en sortait de soulever sa chemise ou son T-shirt pour montrer qu'il ne portait pas de ceinture explosive.

Ne pouvant fouiller les femmes, faute de collègues féminines en grand nombre, ils leur demandaient d'ôter leur niqab et les isolaient le temps de contrôler leur identité.

Tout juste libérés par les troupes irakiennes après des mois bloqués dans la vieille ville, des dizaines de civils continuaient d'affluer par petits groupes comprenant de nombreux enfants, y compris des bébés.

Tous ont les traités tirés, pâles de fatigue ou rougis par l'émotion d'être enfin sortis de cette «prison» où ils n'avaient manquaient de nourriture et d'eau potable et risquaient chaque jour d'être tués. 

«Mort, faim, peur» 

Parmi eux, Faten, une femme de 34 ans accompagnée de son fils de 13 ans, tremble dans son abaya noire. Elle raconte avoir été libérée par l'armée de la maison où elle était retenue depuis quatre mois par des djihadistes qui menaçaient de les tuer s'ils tentaient de fuir.

«Je ne peux pas croire que je suis sortie vivante, je suis tellement contente»! lance-t-elle en pleurant de joie et de soulagement.

À quelques mètres de là, la frêle Fatima, 15 ans, abaya noire et cheveux couverts d'un foulard orange et noir, tient dans ses bras son fils d'un an et demi qu'elle a eu avec son mari, un djihadiste qui les retenait depuis un an.

Elle n'a plus de nouvelles de lui, et ne veut pas en avoir. «Je ne veux plus jamais le voir car il nous affamait».

Les civils sortant de la vieille ville sont pris en charge dans un centre médical improvisé. «Ils fuient la mort, la faim et la peur», dit Nazar Saleh, un médecin.

L'EI s'était emparé en 2014 de vastes pans de territoire en Irak, avant de perdre beaucoup de terrain face aux offensives des forces irakiennes appuyées par des frappes de la coalition antidjihadistes dirigée par les États-Unis.

Toutefois, une perte de Mossoul ne marquera pas la fin de la guerre contre l'EI qui contrôle toujours plusieurs zones en Irak et en Syrie voisine.

Bien qu'il ait perdu 60% de son territoire et 80% de ses revenus en trois ans selon une étude du cabinet d'analyse IHS Markit publiée la semaine dernière, l'EI parvient toujours à commettre des attentats meurtriers.