Les forces irakiennes bataillaient dur dimanche dans le coeur historique de Mossoul, dévasté, s'approchant des dernières poches de djihadistes pour les chasser de leur ultime fief urbain dans le pays.

Trois ans après avoir pris Mossoul, la deuxième ville du pays, le groupe État islamique (EI) ne contrôle plus qu'environ un kilomètre carré dans la vieille ville, selon des commandants irakiens.

«65 à 70 % de la vieille ville a été libérée, il reste moins d'un kilomètre carré à reprendre», a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Salam al-Obeidi, des services d'élite du contre-terrorisme qui mènent l'assaut contre ce secteur depuis le 18 juin.

Il ne reste que «quelques centaines de combattants de Daech», a-t-il estimé en utilisant un acronyme en arabe de l'organisation ultraradicale sunnite.

Derrière lui apparaissait la base du minaret penché, surnommé «Hadba» («la bossue»), qui était le symbole de Mossoul et l'un des monuments les plus emblématiques d'Irak.

Les djihadistes ont fait exploser ce minaret datant du XIIe siècle le 21 juin, en même temps que la mosquée Al-Nouri, où Abou Bakr al-Baghdadi avait donné en juillet 2014 son premier prêche en tant que chef de l'EI, sa dernière apparition publique à ce jour.

Les combats dans le vieux Mossoul ont été parmi les plus intenses depuis le début de la guerre contre l'EI.

Les journalistes de l'AFP ont constaté des dégâts considérables dans la vieille ville, qui comprend de nombreux trésors architecturaux, certains édifices datant du XIe siècle.

Le quartier al-Farouq, où s'est rendue dimanche une équipe de l'AFP, est dévasté par les bombardements. Proche de la mosquée al-Nouri, il a été repris ces deux derniers jours par les unités antiterroristes de l'armée.

Cadavres de djihadistes

Il offre une vision apocalyptique, ses ruelles désertes encombrées par des montagnes de gravats, débris divers et cadavres de combattants présumés de l'EI dégageant une odeur putride.

Nombre de bâtiments sont écroulés, et il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat si les nombreux civils qui s'y trouvaient encore ces derniers jours, cachés notamment dans des sous-sols, ont pu s'en échapper à temps.

Selon un commandant des forces du contre-terrorisme (CTS), quelque 8000 personnes ont réussi à fuir la vieille ville depuis le 18 juin. Mais des dizaines de milliers d'autres y restent prises au piège par les djihadistes qui les utilisent comme boucliers humains.

Les civils qui essaient de s'échapper courent parfois de graves dangers, comme en témoigne un drame survenu vendredi. Un kamikaze qui s'était infiltré au sein d'un groupe de personnes fuyant la vieille ville s'est fait exploser, faisant au moins 12 morts, selon des officiers.

Des tirs d'armes automatiques au mortier et des roquettes pouvaient être entendus dimanche dans le quartier al-Farouq, situé à quelques dizaines de mètres du front.

Le secteur toujours contrôlé par les djihadistes est relativement petit, mais les rues étroites et la présence des nombreux civils rendent l'avancée des forces irakiennes extrêmement délicate.

D'autant plus que, encerclés, les djihadistes opposent une résistance féroce en ayant recours à des engins piégés, des tirs au mortier, des attaques suicide ou des tireurs d'élite.

Les forces irakiennes mènent depuis le 17 octobre cette offensive pour reprendre Mossoul aux djihadistes, qui s'étaient emparés de la grande ville du nord de l'Irak en juin 2014.

Elles ont repris en janvier l'est de la cité, coupée en deux par le fleuve Tigre, puis ont lancé une offensive en février sur l'ouest, où se trouve la vieille ville.

En huit mois, des centaines de combattants de l'EI ont été tués de même que des centaines de civils. Plus de 800 000 personnes ont en outre été déplacées, nombre d'entre elles vivant aujourd'hui dans des camps.